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Devant cette dćclaration, discróte mais significative, I'ćv6que n’hćsita pas ; et le supćrieur fut mdme auto-risd par le vicaire gćneral k faire part ó 1'intćressć de sa prochaine nominotion.
La nomination arriva en eflfet quelques jours plus ffcrd; et en móme tcmps, dans la lettre qu’il 1 u i faisait dcrire, l’dvćque notifiait que la dćcisioń, prise par M*r de Bausset ou sujet du P&lerinage et ratifiće par lui-mćme, entrait en vigueur...
Le nouvel ólu, tout a la joie de sa nomination, s’em-pressa de venir remercier le P. Cućnet; et, avec la con-fiance spontande qui avait toujours caractdrisd leurs relations, il lui demanda en toute simplicitd ce qu'il avait & faire k 1'dgard de ldvdque. et comment le remercier.
Le P. Cudnet'lui ddclara que la ddmarche k l’dvdchd se rćduisait 6 unc simple visite de politesse, les diffi-cultds qui avaient existd du temps de M. Cadoret ayant dtd rdsolues h l’avance : « Je suis au courant des iddes de l’dvdque, ajouta-t-il, et ddsormais il n'y aura plus matidre k conflit entre la Paroisse et le Petit Sdmi-naire. »
— « Vous savez, rdpondit 1’autre, quelles sont mes iddes personnelles sur les prdtentions de mon ancien recteur. Les difficultds ne viendront jamais de moi. a Et il s’en alla, paraissant fort content.
Cette conversation avait lieu le jour de 1’Ascension. quclques jours par consdquent avant les grandes fdtes de la Pentecóte k Sainte-Anne.
Le lendemain le nouveau recteur se rendit 6 Vannes. L’dvdque, prdoccupd au moment de l'entrevue, de rdgler une autrc affaire, se contenta de lui rappeler bridvement les conditions dans lesquelles il prenait possession de la paroisse : « Jespdre que ce sera ddsor-mais la paix, lui dit-il. Mon secrdtaire vous intimera * toutes mes volontds dans le ddtail. »
Et en effet au secrdtariat il lui fut spdcifid qu'il aurait k Sainte-Anne les droits que ses prdddcesseurs avaient
possódes au temps des Carmes : on lui verserait une indemnitć de 300 fr., et il viendrait deux fois par an chanter la messe dans la chapelle(l). Quant aux pro-cessions et aux autres cćrćmonies du Pfclerinage, ce scrait au supćrieur de la communautć k les prćsider...
M. le Bihan acquiesęa k tout.
Le samedi matin il vint dire la messe k Sainte-Anne; et, comme k 1'ordinaire, il prit son petit dćjeu-ner au couvent. Le supćrieur qui avait le dćsir bien naturel de savoir comment les choses s’ćtaient passćes, fit en sorte de se rencontrer avec lui; mais il ne tarda pas k s’apercevoir que le recteur d'aujourd'hui ne s’ouvrait pas aux confidences comme le vicaire d'hier. II essaya vainement de savoir quelles impressions avait emportćes de Vannes le chef de la paroisse, et ce quc lui avait dit l’ćv£que: « L’ćv£que, rćpondit 1'autre ćvasivement, ne m’a pas dit autre chose que de bien vivre ąvec vous. »
Cette rćserve inaccoutumće, et visiblement inten-tionncllc, ćveilla les inquićtudes du P. Cućnet. II se demanda s’il n’y avait pas eu k Vannes un revirement d'attitude. Ce qui le confirma dans ses craintes, ce fut d'apprendre, quelques jours aprćs, que le recteur, au cours de son próne, le dimanche, avait annoncć qu’on irait k Sainte-Anne « comme d'habitude » pour les fćtes de la Pentecóte, et que rien n’ćtait changó dans la paroisse avec le changement de recteur.
Cette nouvelle mit le supćrieur dans un rćel embar-ras:il ćtait dans l’alternative, ou bien de contrevenir aux ordres de l'ćvćque en laissant le recteur agir k sa guise, ou bien d’entrer en conflit avec le recteur, en presidant une cdrdmonie que celui-ci semblait se rćser-veravec la m6me prćtention que son prćdćcesseur. II fallait que le cas ftit tranchć. Le P. Cućnet voulut
(i) Le ‘premier dimanche de 1'annćc et le 26 juillet. Aujour-d’hul encore ce sont les dcux datcs (sans parler de la procession des rogations) auxquelles le recteur de Pluneret vient cxcrcer son droit pastorał dans la chapelle du P6lerinage.
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SAINTE-ANNE D’AUBAV. T, II.