La necessite de la prise de possession canonique du diocese 184
considere comme un «divorce». La mobilite freąuente des pasteurs peut etre une source d’instabilite, de manque cTengagement et d’esprit d’initiatives pastorales. Par contrę, le rattachement permanent a une Eglise particuliere permet a l’eveque de faire des projets pastoraux a long et a moyen terme pour son diocese. L’eveque transfere doit connaitre la culture, la langue et la mentalite de son peuple. La meconnaissance de Pidentite culturelle de ses fideles constitue un serieux handicap a l’exercice de la charge pastorale. L’appartenance a un milieu est un atout pour maitriser tant soit peu ses valeurs culturelles et linguistiques172. La raison evoquee dans ces transferts est le bien de 1’Eglise particuliere. Dans bien des cas, ce peuple pour lequel l’eveque est transfere n’est jamais consulte. En soi, le transfert brise les relations creees pendant plusieurs annees. II peut ne pas etre profitable ni a l’un ni a 1’autre diocese173.
Du point de vue canonique, le transfert est un acte juridique comportant a la fois la perte de Vancien et la provision du nouvel office. La perte de 1’office a quo donnę lieu a Pattribution du titre de 1’office ad quem dont Fexercice ne devient possible qu’a la prise de possession, moment ou son diocese a quo devient vacant174. Le droit exige que Feveque transfere de son ancien diocese s’en detache definitivement. A partir la connaissance certaine de son transfert, il cesse d’etre eveque de ce diocese et il perd par le fait meme tous les pouvoirs rattaches a cet office pour obtenir ceux d’administrateur diocesain; il est tenu aux
l72Voir B. BUJO, «Dćchristianiser cn christianisant?», dans BTAy 4 (1982), pp. 234-235: «[...]Un pastcur noir qui se trouve du jour au lendemain jete dans un milieu dont il ignore la mentalite exacte et la langue parlee, est un handicape. Quand bien meme il se mettrait a Petude pour se rattraper et ‘reparer Pirreparable outrage’, un certain nombre d’infrastructures mentales lui echapperont toujours; il y a de ces finesses culturelles et linguistiąucs qu’on ne peut avoir que par Pappartenance quasiment innee au milieu. Et pendant quc Pinteresse s’efforcc d’etudicr la mentalite et d’apprendre la langue de son nouveau poste, Pefficacite de sa charge en souffre inevitablement, car au moment ou il sera a la hauteur de sa tache, ce sera peut etre trop tard et Page non plus ne se fait pas attendre».
]liIbid.y p. 239: «Outre Pargumcnt concernant ‘le bien de PEglise*, il y en a un autre qui regarde Pobeissance au Saint-Siege. Mais ignore-t-on qu’il ne peut s’agir d’unc obeissance aveugle? Le Saint-Siege s’adressc a un etre doue de raison et dc volonte et qui peut donner ou refuser son consentement. Les responsables a Romę ne se basant que sur des temoignages de seconde main ne sont pas toujours bien renseignćs sur Petat recl de tel ou tel diocese. De la il appartient au candidat-eveque de s’examiner et de considerer encore plus attentivemcnt les donnees relatives au diocese proposć, et d’entrer ainsi en dialogue sincere avec les autorites responsables, sans la moindre idee de ‘carrierismc’».
174Cf. can. 418, § 1. Voir aussi ARRIETA, Governance Structures within the Catholic Church, p. 93.