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reposant sur les richesses patrimoniales. Ce mouvement de conservation, amorcć depuis les annćes 1980, a 6t6 reconnu dans 1’ensemble du pays. "*
La reaffectation du manoir Fraser occupe donc une place centrale dans le processus d’edification d’une image culturelle et patrimoniale de la ville tel que voulu par l’administration municipale. D est eloąuent de voir que le devoiiement officiel de la po!itique culturelle de la vil!e, en presence de la ministre Louise Beaudoin, s’est fait simultanement avec 1’annonce de 1’octroi de la subvention du MCC pour la rćfection du manoir. D’ailleurs, la ministre Beaudoin a soulignć que «le projet [.„1 par sa qualitć, ses visees et sa yitalite, s’inscrit parfaitement dans la lignee des interventions preconisćes par la nouvelle politique culturelle de la Ville de Riviere-du-Loup»"v.
De plus, la justification du projet se base sur un ensemble d’arguments qui misent abondamment sur le potentiel d'evocation, sur la charge symbolique du monument. On souligne a plusieurs reprises que le but de la SSPGP est «que le manoir redevienne ce qu’il n’aurait jamais du cesser d'etre, soit le symbole et la fierte de Riviere-du-Loup»l2Q. On lui accorde donc cette qualite de representer ('ensemblede lacommunautć Iocalę qui s’y identifierait comme a un element distinctif, un icone de la communaute. L’idće affirmee de construire 1’image de Riviere-du-Loup sur le manoir Fraser n’est pas pour dćplaire aux elus municipaux qui voient dans le projet une occasion unique de renforcer 1’identite locale. Qualifie de «batiment-symbole», le manoir Fraser apparait donc comme une piece majeure dans le processus de construction d’un dispositif symbolique qui se construit sur le patrimoine bati. L’aide financiere municipale et la presence de representants importants de la ville au sein de la SSPGP tómoignem de 1’importance qu’accorde la municipaiite au sort du manoir Fraser. Les representants de la ville avaient dćji exprime leur intóret pour 1'utilisation occasionnelle du batiment k des fins de rcceptions officiel les, qui ferait du manoir «une marque de commerce de la Ville»':i. Cette intention est d'ailleurs bien exprimće dans cette ddclaration de la vice-presidente de la SSPGP en 1994: «Paris a sa tour Eiffel, Qućbec son Chateau Frontenac, Riviere-du-Loup aura son manoir Fraser»ir.
118 SSPGP, Restauration du manoir Fraser de Riviere-du-Loup. Document de presentalion, Riviere-du-Loup, dścembre 1994, p. 1. ASSPGP, dossier 2.
1,9 Moniąue Bourget, «Le manoir Fraser...», op. cii., p. 44.
120 Claude MailIoux, «Le manoir Fraser reprendra vie», Le Saim-Laurent-L'Echo, 28 mars 1996, p. 7.
121 Anonyme, «Uncomitć pour sauverle manoir Fnser», [nfo Dimanche, 21 aoflt 1994, p. 18.
m Marc Larouche, «L’iIlusion est parfaite..j>, op. cit., C3. Notons qu’a plusieurs reprises, les promoteurs laissem sous-entendre que ce n’est qu’une fois restaurć que le monument pourra acqućrir un potentiel symbolique pour la communaute. Doit-on en dćduire que dans son ćtat actuel. le monument n’ćvoque rien? Cet aspect dc 1’argumenution promotionnelle renforce l’idće voulam que ce n’est que par la restauration du site qu'il est possible de restituer au monument des significations reconnues.