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a) La these de John Willis sur Fraserville: comprendre le sous-developpement de la region

Deposee en 1981, la these de John Willis constitue une contribution aussi importante que meconnue a l’historiographie regionale La these de Willis s’inscrit dans la perspective des travaux de Normand Seguin axćs sur la thćorie du developpement du sous-dćveloppement qui s’interroge en particulier sur les conseąuences de 1'implantation d’un systeme agro-forestier sur le developpement des regions peripheriques^:A. Willis demontre que la colonisation du Temiscouata aurait ete le fait des grandes compagnies forestieres alliees a la bourgeoisie locale, les deux parties y trouvant leur compte: les unes, par l’existence d'une main d’oeuvre abondante, les autres, par la persistance d’une societe qui protege leurs champs d’activites, leur aisance et leur pouvoir. Par 1’etablissement d’un systeme qui profite de la structure feodale du rćgime seigneurial, les proprietaires fonciers etablissent une domination sur la colonisation, ce qui nuit a 1’agriculture. L’exploitation forestiere conduisant aun systeme agro-forestier qui maintient les paysans dans une dćpendance a 1’egard des compagnies au detriment de leurs responsabilites agricoles. il en resulterait une emigration continue, un dispersement du peuplement et une structure communautaire ćclatee.

Willis consacre deux chapitres au boom fenoviaire que connait Fraserville ii partir de 1860 en analysant plus particulierement 1’impact du boom ferroviaire sur Fraserville et les circonstances du declin de la ville au dćbut du XXe siecle. L’augmentation importante des activites et de la population qu’entraTne le boom ferroviaire conduit a une augmentation de la consommation locale qui ne profite qu’a un petit groupe de notables. Principaux proprietaires fonciers de Fraserville, ces entrepreneurs capitalistes jouissent d’une situation de monopole sur le Capital, ainsi que sur la politique municipale. Domine par le «seignorial landed group», le conseil municipal est aux mains de cette elite pendant plus de (0 ans, soit a l'epoque ou William Fraserest maire. L’hótel de ville est alors un instrument de speculation fonciere, la strategie de William Fraserconsistant a renforcer les effets des lotissements du chemin de fer sur la partie sud de la ville, la ou il possede des proprietes. Balaye du conseil municipal en 1885, Fraser et ces autres proprietaires fonciers sont remplaces par une bourgeoisie industrielle locale qui sont dependants des interets politico-economiques britanniques et canadiens. Le chemin de fer accentue encore cet assaut metropolitain sur les secteurs vitaux de 1'economic locale, ce que va accentuer 1'impiantation des banques a ¹⁵ Malgrś une diffusion tres limitće, on peut irouver des rćferences i cette thise dans Pouvrage de Regis Jean, dans le collectif sur 1’histoire du Bas-Saint-Laurent et dans le memoire de Julie Martin. John Willis, FraserviUe and its TimiscouataHinterland 1874-1914:ColonizationandUrbamsationinaPeripheral Region oftheProvinceofQuebec, Mćmoire de maitrise (Śtude ąudbecoises), Universitd du Qudbec i Trois-Rivieres, 1981,36 Ip.

'* Normand Seguin. La conąuete du sol au XlXe siecle, Ttois-Rivtóres, Bot6al Express, 1977,295 p.