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commission culturelle locale laisse envisager une participation plus directe des titoyens aux
interventions patrimoniales tout en garantissant 1'implication de professionnels par 1'acces a des
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programmes partages avec I’Etat.
La defmition du patrimoine local a aussi ćvolue. L’adoption d’une politiąue culturelle a conduit k 1’ćlaboration d’un plan d’action qui, etablissant les bases d’une strategie globale, laisse entrevoir une dćfinition plus inclusive du patrimoine. Les annees 1990 voient se dćvelopper des projets orientes par les notions d’arrondissement - notamment avec le projet de site du patrimoine- et de patrimoine industriel, archivistique et naturel. Si on observe un elargissement de la notion de patrimoine, on voit aussi s’imposer la consecration d’un patrimoine strictement local. associe a une territorialite et une histoire prdcise: celle de la ville de Riviere-du-Loup. Au-deli des valeurs architecturales, ethnologiąues et historiques. on voit s'imposer des criteres de peninence dans la reconnaissancedu patrimoine, auquel on attribue des proprietes economiqueset touristiques. Ainsi. la justification de la preservation du cadre bati local repose de plus en pius sur sa misę en valeur plutót que sur sa simple conservation. Les objectifs d'accessibilite, d’interpretation et d'animation s’en trouvent renforces. Le patrimoine se doit maintenant d’accroitre son «attractivite» par une plus grandę lisibilite, par I ’exploitation de sa dimension didactiąue. En cela, le patrimoine local devient un enjeu de commćmoration et un puissant symbole identitaire. La legitimite de la cause patrimoniale repose ddsormais sur le potentiel de rappel d’un patrimoine evocateur d’une memoire locale prestigieuse.
Notre demarche nous a permis d’entrevoir comment s’est developpee cette fonction identitaire du patrimoine bati. Les objectifs lies a 1’edification de 1 'identite locale apparaissent sous deux formes. La premiere, plus promotionnelle, s’exprime dans les efforts pour construire une image distinctive de la ville: celled’une ville «culturelle et patrimoniale»comme reponseiun contexte concurrentiel dans lequel les entites urbaines doivent se demarquer 12u. La seconde formę d’expression d’imperatifs identitaires, plus memorielle, se trouve dans l’evocation du passe de la communaute que rend possible la reconnaissance d’un patrimoine «temoin de l’histoire». Ce rapport au passe que permet le patrimoine participe a l'edification d’une memoire spćcifique telle que transmise dans l’historiographie locale. Les vestiges de 1’age d’or de Fraserville entre!880 et 1910. qui evoquent sa prosperitć economique, son role de metropole regionale, le prestige du tourisme de villegiature et la grandeur de son elite. viennent ancrerce passe mythique dans renvironnement
130 On rejoint ici les constats d’ Andrfc Gendreau sur le processus d’elaborationde lieux de production esthdtiąue qui identifie les ćtapes de crćalion d ’ une image nostalgique de la communaute, notamment par 1 'erection d ’ infrastructures emblematiques qui marąuent la memoire. Andrće Gendreau, «De la tradition a la crdation*, op. citp. 474-476.