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la valeur culturelle du manoir Fraser, garantirait sa preservation ainsi que 1’implication financiere de la municipalite. Comme celle-ci n’a jamais use de ce pouvoir, le Conseil municipal donnę a son greffier le mandat de produire un rapport sur les implications d’une telle mesure.
Le maire Marąuis, si favorable soit-il a la revitalisation du manoir Fraser, soutient que toute implication financiere de la ville dans ce projet devra repondre a un desir clair des citoyens de Riviere-du-Loup qui exprimeraient «une volonte ferme de revitaliser le manoir»31'. Les membres du comite comprennent donc que 1’implication indispensable de la ville doit passer par une importante campagne de sensibilisation de la population locale a la conservation du patrimoine bati et a lacause du manoir Fraser. Un sous-comite a 1’information est mis surpied afin de coordonner la diffusion de 1’information. Joumaux, radio et telćvision sont alors mis a contribution durant l’hiver 1988 pour faire connaitre les activites du comite et pour informer la population locale sur la richesse du patrimoine bati de Riviere-du-Loup et la sensibiliser plus particulierement au sort du manoir Fraser40.
La situation du manoir Fraser beneficie alors d’une couverture sans precedent. La diffusion d’information est une occasion privilegiee pour analyser la perception du monument par les acteurs impliques a ce moment. Ces demiers veulent justifier la conservation de ce monument meconnu par la misę en valeur de certaines informations s'y rapportant. Le recours a 1’histoire du lieu est indispensable, notamment dans les articies de joumaux signes de 1’historien local Beauvais Berube41. Ces articies traitent davantage du batiment comme tel - sa construction, ses transformations. son architecture et son mobilier - que de ses occupants ou du contexte historique local42.
3,1 Procfcs-verbal, rśunion du comite du manoir Fraser de la CCRDL, I2janvier 1988, ACCRDL, fonds 2, dossier I.
40 Clermont Bourget, «Riviire-du-Loup: un patrimoine architectural exceptionnel... mais sous-exploitć». Le Saint-Laurent-L'Echo. 3 fćvrier 1988, p.7.
41 Beauvais Bćrube, «Ćviter que le manoir seigneurial Fraser tombe en ruine», Le Saint-Laurem-L'Echo. 21 janvier 1988, p.12.
43II est intćressant de noter que la perception du manoir Fraser par Bćrubć rejoint parfaitement sa conception de 1’histoire. II justifie en effet le statut de «maison historique», qu'il accorde au manoir, par le rappel de certains faits qui permettem de relier 1’histoire du manoir et de ses occupants a la «grande histoire» du Qućbec et du Canada. Par exemple, 1'auteur accorde beaucoup d’importance aux liens qui unissent les Fraser i la familie de 1’auteurcanadien Philippe Aubert de Gaspć. De meme, les fonctions d’officier de Malcolm Fraser pour 1’annee de Wolfe lors de la Conquete sont soulignćes, ainsi que la prćsence d'un portrait de Simon Fraser, associć au dćveloppement du Nord-Ouest canadien. Pour 1’źrudit local, la valeur historique du manoir Fraser reside davantage dans ses rapports avec 1’histoire nationale officielle, qu'avec le passć touperivois. Bćrubć, op. cit. p. 12.