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de paix c'est plutół unc menace d'invasion qu unc garantie defensive; car, ainsi que l’a dit M. Thiers, il n’y a que les nations barbares o u tout le monde est soldat. Mais tout le monde le devient etdoit le devenir lorsqu’il s’agit de dśfendre contrę renvahisseur le sol de la patrie. Cest par la ievće en raasse qu’un peuple dćfend son indćpendance nationale, comme le fit la Prusse elle-meme en 1813, et en pareil cas tout habi-tant du sol envahi n’a besoin d*aucun signe extśrieur, mais de sa qualitó seule de citoyen, pour qu’on doive respecter en lui le droit le plus sacrś de belligćrant. C’est co principe qui fut consacró par la Prusse dans Particie 29 de son ordonnancc de 1813, mais qui fut parelle, il estvrai, si móconnudans la guerre de 1870. Le projet russe Yient entraver le droit et le devoir ló-gitime de la guerre dćfensive, en les subordonnant a des exigcnces d’organisation que ne comporle pas la spontanśite de l’dlan national.
VI
LES PRINCIPES G&KŹRAUZ DU DROIT DES GENS.
Lord Derby repousse encore toutediscussion, comme ćtant bicn dćcidó k l’avance a n’accepter aucun engagement modifiant les principes gćnśraux admis jus-qu’ici. Je demanderai & lord Derby : Ou est donc l’ex-cellence de ces principes gćnćraux?
Je crois qu'il serait assez embarrassd de rćpondre k cette question moralement et nieme historiquement, et ce n’est probablement pas i la guerre de 1870-1871 quil emprunterait ses arguments. Mais je demanderai de plus k Sa Seigneurie : Ou trouver meme fexistence des principes gćnćraux du droit des gens ? Ou sont-ils promulgues? Oii est le Codę que l’on puisse consulter? Cest parce qu*il n*existe aucun texte ćcrit de codifica-tion du droit des gens que cette codification est recla-mće par le besoin impćrieux de la civilisation moderne, et que, sous ce rapport, le gouvernement russe a pris une louable initiatire. Autrement, le droit des gens est abandonnó k la diversitó et aux conflits des opinions des auteurs parmi lesquels les hommes d’Elat choisis-sent, selon 1’occurence, celles qui s'accommodent le mieux k leur politique. C’est ainsi qu'& 1’occasion du bombardement de Paris, la doctrine de Vattel etait in-voquće par M. le prince de Bismarck, auquel je rap-pellerai ici, puisque 1’occasion s’en presente, mon inebranlable fidólitd au principe de Timiolabilitó de la vie de 1‘homme, hors du cas de lśgitirae dófense, en venant fletrir au nom de ce principe l’odieux attentat dont il a failli etre victime.
VII
REPROCUE D’lNOPPORTUNITE ET D’lNPR.\TICABILITE DU
PROJET RUSSE.
Lord Derby reproche au projet du gouvernement russe son inopportunitó. Je crois ce reproche bien immćritć. II me semble qu’on doit louer la prudence de ce gouvernement qui, sous 1’impression des souve-nirs d'un si rścent passś et des apprehensions d’un in-quietant avenir, a obei aux sentiments de próvoyance et d*humanite dont smspiraitla Chambre des communes,