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750 EMIL BOLDAN 14

Constantinople, 10 avrU 1861

Mon Pr ince,

J’ai le regret d’annoncer & Yotre Altesse qu’Elle ne pourra rien connaitre encore par ce courrier des dścisions dśfinitives de S. Porte.

Le Conseil des ministres de la nuit de mardi & mercredi a śtś remis & jeudi soir. Dans la journśe du jeudi, Mr. 1’ambassadeur de France avait en-tretenu encore Aali pacha des affaires des Principautśs-TTnies j le ministre des Affaires etrangeres avait tśmoignś des dispositions assez conciliantes.

Le ministre de la Guerre, Riza pacha, dont 1’influence est bien connue de Votre Altesse, appuie certainement les conclusions du Mśmoire. Je regrette de dire & Yotre Altesse que le grand vśzir n’estpas aussifavo-rable que je 1’aurais espśrś. Malgrś tous mes efforts, je n’ai pu entiśrement dótruire les impressions f&cheuses qu’il reęoit de son dśtestable entourage. Kubrisli Mehemmed pacha ne va pas toutefois jusqu’& 1’hostilitś, et, aprśs tout, son influence, en ces sortes de questions, ne saurait balancer celle d’Aali pacha, ni celle du sórasker.

Les deinandes de Votre Altesse ont śtś esposees au Conseil dans la nuit de jeudi. U serait diffieile de savoir en dśtail ce qui s’y est passś. Par ce temps de Ramezan les Turcs ne sont guśre yisibles, et les derniers jours du mois de jedne qui se termine demain sont presque exclusivement consacrśs a des solennitśs religieuses et aux preparatifs du Bairam. Les informations gśnśrales que j’ai pu me procurer sont assez satisfaisantes. On sent enfin d la Porte qu'il faut faire qudque chose: ce sont les expres-sions d’un des ministres. En somme, rien n’a śtś dścidś ce jour-ld.

J’ai su que Mr. 1’ambassadeur d’Angleterre avait rśpśtś & la Porte les paroles trśs catśgoriques que lui avait fait entendre Mr. Nśgry & que ce ferme langage n’a pas produit moins d’effet sur Aali paoha que sur Hemy Bulwer. Les dśclarations de l’agent de Votre Altesse ont fait du bruit et la rumeur s’est repandue & Pera que l’Union avait śtś proclamśe d Bukarest. Jeudi, on en parlait & la soirśe hebdomandaire du Palais d’Angleterre et, le lendemain matin, on donnait la nouyelle comme arrivśe par tślśgraphe. Le meme jour, j’śtais venu & Pśra, et je fus interpellś d ce sujet, au the&tre, par un secretaire et deux dragomans de diverses lśgations. Je me contentai de ripondre que la chose śtait possible, vrai-semblable. Mr. le comte Ioannini, un de mes interloeuteurs, se chargea d’expliquer en quelquos mots la situation. L’un de3 dragomans ayant ajoutś qu’un mouvement national paraissait inśvitable d Bukarest, si la correspondance publióe la veille par le Courrier d'Orient śtait exacte, Mr. le comte Ioannini assura qu’elle s’accordait en tout point avec les renseignements parvenus d la Iśgation de Sardaigne. J’ai pensś que Votre Altesse lirait avec intśrśt ces petits dśtails, car ils attestent que la causa des Principautśs-TJnies a fait son chemin dans les esprits, & en juger par la satisfaction avec laquelle śtait reęue la fausse nouyelle.

Je suis particuliśrement heureux de dire Votre Altesse que la correspondance publiśe par le Courrier d'Orient a portś coup & la S. Porte: elle a eu les honneurs de la traduction, et j’ai trouvó yendredi l’un des