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15 COMPTES RENDUS 777

moderne. Celtc mćthode se montre partlcullćrcment lntćrcssante, car c!lc prouve, par excmplc, cominent le « Chant de Daskaloiannis », pris pour teinoln de cctte enqnćte, dcvint au XIX* ślecie, une chanson klcphtique. k accompagnement Instrumental. La Ićgcnde d’llerculc on les avcntnres d’Odysseus sont parml les plus durables de ces chants tradltionncls grecs, incine-sl d’importants cliangements se produisirent dans la raanlćre dont on les narruit et daus la formę des vcrs (lc remplacemcnt de l’hexain£trc par les vers « poUtikos »). Lą continuitć de ccrtalns ćlćments est trćs frappante pour les bąlladcs^ Acrltiques. Mais des chaugcracnts y sont cnregistres. G’cst ainsi qu’uu ćpisode d’unc balladę de Digenls du X^XC sićeles offre nn surprenant exemple de synerćtisine, en mćlangcment les ćlćments payens et chrćtiens (la Vlcrge chasseresse Artemis rattachee dans lc mćmje symbole k la Yicrge Marle).

Comparó aux poćmes homeriques, le % Chant dc Daskaloiannis $, decrlvant la rć\olte de 1770, est une preuve ćvidentc des progres enregistres, le «modele mytbiquę } etant remplacu par un rćcit liistorique ęonscient, dans le sens donnć par Tlincydide.

La concluslon tres nette qu’expriiue l autcur est cclle d’une parfaite lmbrlcation enlrc la continuitć et le changeinent qui font de ces longs et compllques poć mes de Pćpoqnc an-clenne des chansons historiques dans un seps moderuc, a cóte cTuhl puissantc traditlon des panćgyrjques klcphtiques et des lamentations prises aux vies des ariuatoles et des bravcs paliikares.

La seconde partie du livrę penćtre dans les ProbUmes de la libłralięn. Dcnnis N. Skiotis s’occnpe dc La lićuolution Grecgue: la demihe allague (PAl^ Pacha, en eonimcnęanl * par nn excellent portrait de cc grand rebelie, «lc seul homme qui aunul pu cinpćchcr la rcvo-lntion grccquc t. Les historlens ayant jusqn’ici nćgligć cct aspcct et lgnoiunt les rapports ćtroits existant entre les e\ćiieinents dc la Gićcc dn nord ct ccux du Pćloponnesc, Tautetir sc proposc de dćraontrcr que la revoltc gćnćralc des Grecs dc J821 ćtait inthncinc/it liće anx incidents qui s’etaient pioduits en Epire, riiiver prćcćdent. Sonpęonnant l’hostilitć dę la Porte a son adresse, Ali Pacha pensait recourir k l aide des Ilćtalristcs ct dc la Russie. A>ant par la sultc cholsi nn comproinis mćdić par TAutrichc ct rAnglcterrc (A\ri! 1820), 11 finit pour tant par renseigner la Porte sur les projets hćlairistes (mai 1820). Sc rapportnnt an moment des pourparles d*Ali Pacha a\ec I. Paparrfgopoulos, le dragoman dn consnlat rnsse de Prcvcsa, D. Skiotis lc considćrc comine elant k 1’originc dc la rćvolntion dc 1821, pnlsqnc le gon\crncur dc 1’Epirc promcttalt dc collaborcr cn sonlcvant ses sujets contrc les Ottoinans ct cn aidant la Russie a conqnćrir la Tnrqnle Europćcnnc. La Russie allalt lc reconnaltrc cn tant que chcf antonomc sous la protcctlon dn t/ar. C'est lc comportcmcnt de Paparrego-poulos qui attirc notre attention. U agit en lićtairlstc plntót qu’en snjct russe. En effet, sur son instigation, Ali Pacha devait enconragcr les « kapitanol » des armatoles, alnsl qnc les chcfs rcllgicux des Grecs, cc qni constitnait le premier pas vers nnc Insnrrectlons gćnćrale du pcnplc grcc. A cc moment, il avait davantngc bcsoln des Grecs qnc ccux cl d’All Pacha. Sa politiąnc fiscalc liberale avalt pour but dc lc rendre populaire parml les Grecs. A 1’occa-sion des asscmblćcs qn’il tint entre avril ct jnln 1820, 11 parła de la libertć des Grecs ct de « la rcslauration dc lEmpirc des Romains », ainsi que dc son lntcntlon dc garantlr hnc con-stitution k tous les snjcts. Les efforts dc ses consclllcrs pour le dćclder k sc convertlr au chrls-tianisiue ct ses lettres oii 11 s’adrcssait dćji\ k « ses frćrcs chrćtiens» sont d’autres prcuves dc son intentlon cTalliancc avcc les Grecs. L’asscmblće de Lcvkas, k laquellc particlpalt Elias Mavromichalcs dc Mani, alnsl qnc Theodoros Kolokotrones et d’autrcs chcfs de klcpli-tes du Pćloponnćsc, a cn licu indćpcndammcnt dc tonte lultlatlve hćtalristc dc Constantinoplc ou d’Odcssa. J^cs progres des prćparatifs milltalrcs grecs d’Eplrc ct de la solldarltć des « kapl-tanoi * avec Ali Pacha scmblcnt avoir \lvement surprls dlrlgcants hćtalrlstcs dc la capltale ottomane. D*antre part, 11 est pen probablc remarqnc O. Skiotis que les ćvć-nements d*Epire alent jonć nn rólc dćclslf pour 1'actlon hAtlvc d*Ypsilailtls dans les Prlncl-pautćs. Entre la tentativc ćchouće dc cc dcmler dans les Prlnclpantćs et Tactlon dn Pćlo-ponnese on ne peut etabllr aucunc relatlon non plus. C'cst unc Intcrprćtatlon crronnćc de rhis^oriographle — pense Pauteur — qul a rals en oinbre jusqn’lcl, la rćbelllon d’Eplrc.

Cctte dcrnlćrc, snlvlc avcc un intćrćt passlonnć par les GrecS ct les Tures du Pćloponnćsc, contribna ęssentlcllement k crćcr lc scntlmcnt <^nc la rćvolnt!on ^tait inćvltablc. En avri!# ellc dcvint gćnćrale dans toutc la pćninsule Ct s^-tendlt dans d’antres rćglons dc la Grćcc ćgaleincnt. L'aide antlottomane demandćc aux. Grecs par Ali Pacha —qui nc se son-clalt pas le moins du monde dc Tindependancc de la Grćce — a donc eu nn rólc insigne pour rćvćnemcnt central dc 1’hlstolre grccque moderne.

Cet essai prouve une ^ols de plus k qucl point avalcnt progressć les carences d’antoritć de PEinplrc ottoman, ainsi quc sa dćcentrallsatlon. L’ćpisodc lllustrć par les actlons dfAll Pacha nous montre que, dc cc point de vue, la desagrćgatlon TEinplrc sc prćcipitalt ct qufup pacha rebelie /»ervait maigrć }ui les interćts du pcuplę grec qui voyalt mdrlr les condl-tions de sa llbćratipn.



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