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vente de champagne domie le bul-letin de sante de tous les pays du monde : regardons combi en de bouteilles sont bues ici et la et on saura comment vont les affaires de i Etat considere ». Plus un pays cst prospćre ct plus il consommc dc champagne. Lc vin champcnois pcut etre aussi un in-dicateur dc paix ou dc guerre : s’il n’aime pas le bruit des armcs, il figurc volontiers sur les tables dc la nćgociation. Ainsi que le rcmarque un ancien corrcspon-dant de guerre qui a vecu le conflit arme entre 1914 et f918, aujourd’hui reconverti avec suc-ces dans la chronique gastrono-mique : « II vaut mieux faire sauter les bouchons de champagne que les ambassades ».

La magie du nom

Le mot champagne jouit d’un tel prestige qu’il est de plus en plus souvent cite dans la presse en dehors de son contexte cham-penois. On en fait un adjectif : du « rubgy-champagne » qualifie un jeu clair, leger, petillant et agreable ; on le prend comme re-ference pour etablir un rapport : choquee qu’un journaliste ait pu la comparer a d'autres cantatri-ces, la diva Maria Callas lui re-torqua qu^łil faut savoir « distin-guer le champagne des vins mousseux » ; on le donnę comme patronyme a des bateaux, des avions, des chevaux, etc.; et puis Champagne, c’est aussi une cou-leur, une collection de haute cou-ture chez Lanvin, un spectacle d’un luxueux cabaret parisien, etc.

A cóte de ces utilisations sym-pathiques et qui contribuent a la renommee du champagne, il en est d’autres qui sont par contrę abusives et meme reprehensibles. A cet egard, on ne peut que re-gretter la facilite avec laquelle.la presse a parfois recours a 1’appel-lation champenoise pour designer des vins mousseux des quatre coins de la planete ou encore les boissons ou meme les produits les plus heteroclites (jus d’ananas, soda, dentifrice, etc.). Signalons au passage que le C.I.Y.C. se montre particulieremcnt vigilant et qu’il n’hćsitc pas a faire la misę au point qui s’imposc cha-que fois que lc mot champagne est victime de tcls dćtoumc-ments : « // nest champagne que de la Champagne ».

Rcstcnt cnfin tous les faits di-vers auxqucls lc champagne est associć pour mieux accrocher le regard du lecteur; voici un bref aperęu de titres rćcents dans les joumaux : « Un incendie eteint a i aide de bouteilles de champagne » ; «La voyante lit l’avenir dans les bulles de champagne » ; * Le navigateur solitaire autour du monde repare son bateau avec un bouchon de champagne et re-prend courage apres avoir bu la bouteille » ; « Le meilleur anti-gel : plusieurs gouttes de champagne dans l’eau du radiateur de votre voiture » ; « Elle fracasse le crdne de son amant avec une bouteille de champagne apres avoir trinque une derniere fois avec lui » ; « Un coureur ter minę le marathon de New York en tenant sur un plateau une bouteille de champagne», etc. Comme on peut le constater a la lecture de cette ćnumćration, il est des asso-ciations qui nc sont pas toujours du meilleur gout et dans lcsqucl-lcs 1’image du champagne n’a rien a gagner.

Le champagne ne petille pas seulement dans les verres. En considerant les si nombrcux arti-cles dc presse qui lc mentionnent, il faut bien constater que, contraircment h certains vins qui gćnerent, la ou ils sont scrvis, la gravitć, la monotonie, voire la somnolence, lui apporte partout ou il est dćguste la bonne hu-meur, la gaiete, la joie de vivre. Ainsi que le reconnaissent nom-bre d’eminents representants du corps medical, sa^# consommation constitue un excellent traitement contrę la morosite et meme la depression.

On considere egalement que le champagne stimule les capacites intellectuelles et donnę de Tes-prit. N’est-ce pas alors parce qu’ils sont de fideles amateurs de champagne que les eleves et les anciens eleves de rficole poly-technique sont si brillants dans leurs etudes et dans leurs activi-tćs professionnelles ?

Le vin de Champagne

L'et rangę r le sa\oure et l’envie a la France !

II grise les heureux ; il calme la souffrance ;

Pour feler des amis, il petille toujours.

Le vieillard rajeunit en regardant son verre Plein du breuvage exquis, et la vertu severe,

Apres l’avoir goute, comprend mieux les Amours.

II donnę de Pesprit aux fillettes candides,

II rend audacieux les ephebes timides,

II console, il guerit, car c’est un enchanteur Qui met Peclair aux yeux, qui chasse 1’humeur noire, Reveille les chansons au fond de la memoire Et parę l’avenir d’un doux charme menteur!

Teinte d’ambrę ou de rosę. il appelle le ńre Clair et franc. Chacun jase, ecartant la satire,

Le cceur epanoui, quand on le voit mousser.

A la ronde, vidons le fin cristal sonore ;

Oublieux aujourd’hui du souci qui devore.

Par lespoir eniwant, laissons-nous caresser !

Alexandre Piedagnel.

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