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CAUSES DE L'ECHEC DES REFORMES
Les rćformes d’Isaac Comnene sont des rćformes manqućes. Ni elles n’ont pn etre appliąućes intśgralement et dćveloppćes jusqu’a leurs dernieres consćquences, ni — surtout — il ne leur a śtó donnś la chance •de donner les rśsultats tellement attendus. U est ćvident qu’elles se sont ieurtśes a une opposition puissante de la part des forces socio-politiques que 1’empereur n’a pu, ou peut-etre n’a pas ćtś assez rśsolu a abattre ot qui, jusqu’a la fin, l’ont renversA Le probleme est dbmportance, car il est a la base de 1’un des chapitres les plus dramatiques de 1’histoire intćrieure de 1’empire au cours du XIe siecle et, surtout, du quart de siecle compris entre les annśes 1057 et 1081, correspondant a 1’instauration du nouveau rśgime politique des Comnenes 74. U convient donc d’analyser on dśtail les causes de cet śehec.
Caractere de sererite et de rapidite des reformes. Le simple śnoncś de oe titre renierme l’exphcation du mścontentement et de 1’śtat de vive agitation que les rśformes ont dśclenchós dans la sociśtś toute entiere. Des faits exposśs dans le chapitre prćcśdent il ressort qu’Isaac Comnene a eu un vśritable programme de gouvernement, consistant en premier lieu dans ces rśformes. Pourtant, des le dćbut, la manióre dont 1’empereur envisageait les perspectives de rćalisation de son programme ne semble aucunement optimiste, mais, bien au contraire, des plus sombres. A ceux auxquels il accorde quelque confiance, il fait part de doutes et d’in-quiśtudes qui montrent qu’il śtait conscient des difficultśs qui l’atten-daient. L’un de ces confidents fut Psellos lui-meme, ainsi qu’avec son iabituel manque de modestie il a soin de le consigner : « ... le premier il m’ouvre ses secrets, il me fait le confident de ses soucis impśriaux; il s’enquiert aupres de moi de quelle manierę il exercerait pour le mieux le pouvoir et par quelle politique il rivaliserait avec les plus grands em-pereurs »75. A ce personnage, que la suitę des śvćnements allait avdrer hypocnte et de mauvaise foi, 1’empereur confie ses doutes au sujet de la rśussite de son programme de gouvernement. « Mais 1’empereur — car il śtait intelligent autant que quiconque et il n’śtait ni trompś ni exaltó par toutes ces vanitśs — prit incontinent en dćfiance le faite de la fortunę et, sans avoir encore bien recueilli ses esprits, il se tourne soudain vers moi: Elle me semble peu surę, ó pbilosophe, dit-il, cette fślicitó extreme
74 L*id6e d’une abdication forcće due & la coalition de plusieurs forces d'opposition est ■clairement exprim6e chez les byzantimstes de la fm du siacie dernier : par exemple, A. F. Gfrorer, op. cit, III, p. 636—637; A. Rambaud, op. cit., p. 156; H Gelzer, op. cit, p. 1006; J. Gay, op. cit., p. 525.
71 Psellos, II, p. 108.