EUGEN STANESCU <54 30
le camp des insurgós 106, Isaac Comnene n’ait eu que trop 1’occasion de connaitre son caractóre et son manque total de sympathie pour la poli-tiąue qu’il comptait instaurer, 11 n’hósita pas a le nommer k la tete du senat. Psellos lui-meme reproduit les paroles de l’empereur: « ... je te lais, en effet, le premier de mes amis; d’ores et dój a je te mets & 1’hon-neur et te nomme prósident du sónat » 107. Cette nomination aura surpris, tout le premier, son bónóficiaire, qui devait s’attendreplutót k des sanc-tions. Tout comme le sónat, ópouvantó au dóbut de ce qu’il pensait devoir lui arriver — notre histonen dócrit en termes colorós la premióre sóance du sónat, prósidóe par le nouvel empereur en face duquel se te-naient les sónateurs glacós d’effroi108 — Psellos revient assez rapidement de sa peur initiale et commenęa & contrecarrer la politique impóriale. Et cela d’autant plus que, d’apres le tómoignage de Psellos, Isaac Comnene essaya de s’occuper personnellement des affaires publiques et de les retirer en quelque sorte des mains accaparatrices de ce corps de lógistes pour lequel, vraisemblablement, il ne nourrissait pas une considóration parti-culiere : «C’est pourquoi il nous abandonna & nous, les infórieurs et les particuliers, le culte du discours; pour lui, un simple signe, un geste de la main, une inclinaison de la tete dans un sens ou dans 1’autre, tout cela, il le jugeait suffisant pour indiquer sa yolontó »109. Un tel partage des attributions, qui ne laissait aux lógistes que la rhótorique juridique, ne pouvait entrainer les suffrages de ceux-ci. Psellos se fait le porte-parole de cet ćtat d’esprit lorsque, s’en prenant au laconisme de Pempereur, il souligne : « Comme il n’ótait pas prócisóment bon connaisseur de la lógis-lation, il improvisait pour lui-meme sa jurisprudence»n0. Ainsi, logi-quement, la bureaucratie impóriale devait tout faire pour — sans s’ex-poser a un danger direct — contrecarrer Isaac Comnene dans la róalisation de sa politique. La voie qu’ils cboisirent fut celle de paralyser 1’action de gouyernement en empechant Pempereur d’etre en mesure d’influencer le fonctionnement de la machinę gouvernementale et de contróler effiea-cement 1’application des mesures adoptóes. Hien ne saurait mieux illus-trer cette tactique qu’un passage de Psellos ou il commet Fimprudence de se demasquer, montrant comment lui-meme et, pour sur, la bureaucratie impóriale tout entióre entendaient dissimuler k 1’empereur des questions importantes. Nous trouvons ici une curieuse dófinition du secret ■d’Etat, valable enYers la personne meme de l’empereur, ce qui obbgeait
loą A. Miller, op. ul, p. 194 — 197.
107 Psellos, II, p. 110: « . .xocl 7cpósSpov tłjjlćo te xal xaTOvO|xa^o) ctuyxXyjtoo PooX^ę.. . ».
10* Psellos, II, p. 112.
101 Psellos, II, p. 113.
110 Ibidem: «Nó[iouę Ss ou 7rocvu tł Ś7rLaTa|isvoę, x*/iv vop.oO-eTLxfjv łaurćo eoxeSŁa^£V».