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fouilles archeologiąues, mises a jour en Mauritanie par M.P.J. Munson, apparaissent plus prometteuses lors d’une premiere analyse.

Cet auteur degagea des strates superposees dc villages dans la region de Dhar Tichit, aliant de — 11.000 a — 900. Les poteries contiennent des caryopses, ou sont marąudes de Ieur tracę, appartenant a deux especes, le Cenchrus, appele aussi Cram-Cram, et le mil du genre Pennisetum. Des strates les plus anciennes aux strates les plus recentes, les caryopses de Cenchrus, d'abord predominants, dimi-nuent fortement, alors que ceux du mil, d'abord rares, envahissent ensuite toutes les poteries. On peut en conclure que le Cenchrus avait etć cueilli et non domestiquć, et que le mil a ete domesliquć en 200 ans. Mais une telle interpretation n'est pas garantie, car on peut envisager une hypothese alternative : 1'homme est passe du modę de vie de cueilleur a celui d'agriculteur, et au lieu de creer le mil il l'a introduit dans sa region, et cette acquisition a demande 200 ans. Une telle hypothese fut suggeree a la suitę de la decouverte de centres d'origine du mil, formant un croissant fertile aliant du massif de Darfour (Soudan) a celui du Tibesti (Tchad) et a celui du Hoggar (Algeric du Sud). Ce fut une region fertile entre — 8.000 et — 6.000, habitee par une population de caravaniers qui excelle dans le troć et le transfert des idees. On peut ainsi bien se representer comment les grains de mil s’echangeaient et comment 1'idee dc domestication prenait corps.

Si les documents archeolog]ques suggerent cette maniere de voir la domestication, ils n'en donnent pas une demonstration tangible, a cause du faible echan-tillonnage des restes de plantes et de 1'impossibilite, en 1'absence de documents ecrits, de detecter la circulation des idees.

LES ARGUMENTS GENETIQUES DE LA DOMESTICATION.

Les arguments genetiques vont nous permettre de demontrer que 1'action dc la domestication fut rapide. multiplc, apparemment compliquee, mais facile a 1’hommc perspicacc et entreprenant. Ils partent d'une sćrie d’observations de domestications actuelles dans certains centres d^rigine.

Erna Bennrtt montre d'abord que la domestication consiste dans 1'installation d’un champ, c’cst-&-dirc dans une pratique agricole. Des pasteurs afghans sćmonl au printemps le bić sur les champs en friche, puis montenl vers le Nord, vcrs des herbages plus humides. A la lin dc l*ćtć, ils transhument vers le Sud. Si la saison a ćte mauvaise, le champ semć el non arrive ii ćpiaison est laissć au troupeau comme paturage. Si la saison a ete bonne, la rćcolte des grains s’effectue pour le semis dc Tannće suivante. Cette pratique constitue la raeilleure illuslration du passage de Thomme de Tetat de pasteur ou cueilleur a hetat d'agriculteur.

II faut mentionner en deuxieme lieu une pratique agricole dans les centres d'originc du ble : les champs dc ble sont toujours entoures d*un liserć dc popu-lations hybrides legerement fertiles et de plantes sauvages du genre Aegilops. L'ćchange genique est ainsi bien maintenu entre les populations sauvage et cultivće.

Une autre observation instructive concerne le modę de recolte des caryopses dans les populations sauvages de riz (Oryza brc\nligulata) au Tchad. Ces riz prć-sentent des epillcts caducs, donc non recoltablcs, mais ayant un moyen de dispersion sur. Les femmes et les enfants passent alors journellcment dans les prairies en effleurant les ćpis avec un panier dans lequel sont recucillis les caryopses caducs arrivćs a maturite. Cette recolte est astreignante mais eflicace. Le professeur Harlan a vćrifić ce fait, en simulant une recolte d'orge sauvage. II a atteint pratiquement le memc rendement que celui que Ton obtient dans un champ d'orge cultivćc.