E.N.L. — Je ne vois pas de rapport etroit entre mes loisirs en plein air et mon travail de meteoro-logiste. Je n ai jamais etudie la meteorologie de montagne de maniere plus poussee alors qu'un certain nombre de meteorologistes lui ont con-sacre une bonne partie de leur vie. Cela dit, j ai toujours aime la montagne et nul ne peut la frequenter sans etre sensibilise aux conditions meteorologiques. Au depart, la montagne a du avoir une influence sur mon interet pour la meteorologie.
E.N.L. — Aujourd'hui, 1'essentiel de mon travail porte soit sur le chaos, soit sur la previsibilite at-mospherique et je passe beaucoup de temps a mettre au point des modeles simples du chaos a diverses fins. J'ai ecrit quelques articles sur la circulation generale, mais tout a tellement evolue ces 25 dernieres annees que je ne me sens plus au courant de factualite a cet egard
C'est l'Air Force qui a finance en grandę partie mes premiers travaux sur la circulation generale et le chaos; depuis 1980 et meme apres mon depart a la retraite, c’est la National Science Foundation qui a pris la releve.
E.N.L. — Jane et moi avons eu trois enfants qui sont maintenant adultes. Nancy, notre filie ainee, qui est avocate, vit a Boston avec son epoux et leur deux enfants, Nicky, dix ans, et Sarah, six ans. Nous les voyons et nous nous en occupons regulierement; c'est merveilleux quand ils sont la. Ned, notre fils, est economiste. II a longtemps professe a Notre Damę University dans 1'lndiana, mais ayant epouse une Franęaise, il y a de cela que!ques annees, il vit maintenant avec elle a Paris ou il enseigne. Lorsqu'il faisait ses etudes a l'Universite de Cambridge, en Angleterre, il a passe beaucoup de temps en France car il s'in-teressait a des problemes de travail compare dans les deux pays. Cheryl, notre derniere filie, est psychologue. Nous avons toujours formę une familie unie et aimons a faire des choses ensemble, comme aller a la montagne et skier. Jane, quant a elle, est a la fois artiste et pilote, elle a obtenu son brevet de piłotage avant de savoir conduire! Je suis monte avec elle en avion, occa-sionnellement, mais pas souvent!
Janvier 1995. Dallas, Texas. E.-U. d'Amćriąue — Edward Lorenz recevant le prix Louis Battam 1995 des mains de Warren Washington, president de l'AMS. lors du soixante-quinzićme congres annuel de la Societe
Photo: Avec l aimable autorisation dc l‘AMS
H. T. — Si vous deviez repartir dans ia vie a zero, y a-t-il quelque chose que vous feriez differemment?
E.N.L. — Voila une question a laquelle il m‘est difficile de repondre. Compte tenu de mon interet pour le chaos, toutefois, et sachant qu'un petit rien peut completement modifier le cours des evenements, il y a peu de chances que je refasse les memes choses et il n est meme pas certain que je devienne meteorologiste. J'ai une seule certitude, celle d'epouser la meme femme - a condition de la rencontrer. Je suis sur, par ail-leurs, que mes occupations seraient de naturę universitaire, sans doute englobant les mathe-matiques. Je suis venu a la meteorologie plus ou moins fortuitement et, si j’avais fait ce que j'avais prevu de faire avant la seconde guerre mondiale, j'aurais certainement enseigne les mathema-tiques.
H. T. — Merci, professeur Lorenz, je ne doute pas que, comme moi, nos lecteurs trouveront cet entretien instructif et qu’ils en percevront tout 1'interet.
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