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II se passe toujours quelque chose sur le front du prix du livre. //yaun peu plus d un an, on pouuait penser que les menaces pesant sur le Net Book Agreement allaient etre dissipees par la decision de l’OFT, le Conseil de la Concurrence britanni-que, de ne pas reouurir le dossier1. La treue fut de courte duree puisque, des la fin de lannee, le groupe de chaines de librairies Pentos, principal opposant au systeme, lanęait une premiere campa-gne de discount, annoncee de faęon tres mediati-que comme la premiere operation anti-NBA (en fait, quelques titres a prix liure seulement etaient concemes). En octobre 1990, Pentos lance a grand renfort de pubiicite sa ueritable premiere action contrę le NBA en offrant dans tous ses magasins au moins 25 % de reduction sur les six titres nomines pour le prestigieux Booker Pńze 2. Cette action est suiuie en nouembre de l operation « Lower book pńces » menee par Dillons et Athena sur certaines nouueautes du groupe Octopus. Condamne par un tńbunal londonien, Pentos sejf orce aujourd’hui dobtenir un recours aupres de la Cour de Justice des Communautes euro-peennes — pour l’instant, sans succes 3 —, et fon peut parier sans difficultes que le front britannique risque detre fort agite dans les mois qui uiennent. Dautant que lon murmure que le tres large soutien des libraires britanniques au NBA commencerait a seffriter du fait des resultats plutót mediocres de lannee passee.
Cette nouuelle poussee de fieure au Royaume-Uni tendrait presque a occulter la bataille qui se liure de fautre cóte de la mer du Nord. C est pourtant dans la zonę neerlandophone que les instances communautaires ont pour la premiere fois mani-feste leur agacement uis-a-uis des systemes de prix impose, en condamnant faccord qui regissait depuis 1949 les echanges de liures entre la Flan-dre et les Pays-Bas par le celebre arrete VBBB/VBVB de januier 1984. Du meme coup, cette mesure rendait totalement impraticable fap-plication dun prix unique national en Flandre, dont le marche depend a 70% des importations neerlandaises.
Le cas de la zonę neerlandophone constitue pourtant un argument-massue en faueur dun systeme communautaire de fixation des prix. Bień que la Cour et la Commission reconnaissent fexistence du probleme des zones linguistiques 4, ces instances demeurent fermement opposees a tout systeme de prix impose de naturę transnatio-nale, et ce, malgre la resolution uotee en 1985 par le Parlement europeen en faueur du prix fixe. Ny a-t-il pas en foccurrence une part d hypocrisie a reconnaitre aux editeurs flamands le droit de fixer le prix des liures quils editent, alors quon leur interdit dans le meme temps dappliquer le prix impose par les editeurs neerlandais pour les ouura-ges importes en Flandre ? Point nest besoin d'etre grand clerc pour deuiner les consequences imme-diates dune telle situation : manque a gagner pour les libraires neerlandais (leurs clients pouuant trou-uer les memes liures moins cher en Fiandre), importations fictiues pour pouuoir uendre a prix reduit sur le terńtoire neerlandais (les famewc circuits « aller-retour ») et impossibilite pratique de maintenir un systeme de prix fixe pour une production flamande qui ne represente que 30 % du marche.
C’est pour tenter de mettre fin a cette situation intenable que la VBVB et la VBBB ont saisi, des 1984, et sur la suggestion de la Commission europeenne, la Nederlandse Taalunie, forganisme intergouuememental qui depuis 1980 uise a fauo-
4. Cf. Communication au Conseil COM (85) 681 finał, nov./dec. 1985.
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Voir « Les implications economiques du Net Book Agreement », Cahiers de leconomie du liure, n° 2, octobre 1989.
A savoir les chaines Dillons, Athena, Hatchards et Claude Gili. Voir «Pentos s’attaque au prix unique », Liures Hebdo, n* 42, 19.10.90, p. 42.
« Pentos turns to Europę for help against NBA », The
Bookseller, 30.11.90, p. 1609.