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en sont la deduction logiąue pour caracteriser la mora-lite dc la guerre etcelle de la paix.
II s’agit maintenant d’examiner le projel finał de la Conferencc de Bruxe!les par rapport a la civilisation de la guerre, en se plaęant successivement aux trois points de vue juridiquc, morał et humanitairc du criterium qui vient d’etrc indiąuć, et on verra combien 1'absence de principes se fait partout sentir dans ce projet finał, et y devient une cause incessante de confusion.
II
POINT DE VUE PREYENTIF ET JUR1DIQUE, OU LE TRINCIPE
DE L’ARBITRAGE POUR PREYENIR LE RECOURS A LA YOIE
DES ARMES.
Des 56 articles dont se compose ce projet finał de la Confćrencc , il en est plusieurs, sans doute , qui, pris isolśment, commc il a ćte dćjA dit, repondent A des sentiments gćnereux d’humanitć, etquelques-uns m^me A des besoins moraux de notre 6poque. Mais 1’omission de toute declaration de principes ne permet de saisir dans leur ensemble aucun lien d’enchainemeut, aucun ordre de deduction, et Pesprit erre A Paventure au mi-lieu de tous ces articles comme un naYigateur sans boussole qui ne sait d’ou il vient ni ou il va.
Comment d’abord s’expliquer que parmi ces 56 articles ne s’en rencontre pas un seul ou le principe du re-cours a Parbitrage, pour prevenir la guerre, soit meme implicitement indiquć ?
La logiquc veut que dans le codę de la civilisation de la guerre on s’occupe d’abord de substituer aulant que possible h la voic des armes le recours 1’arbitrage; parce que la guerre est un mai en soi, mai detestable ainsiąuejele definis, tantdans 1’ordrc economique, en raison des calamites qu’il entraine, que dans 1’ordrc morał, ou il vient substituer lessanglantes et hasardeuses Solutions de la force A celles du droit.
Mais il est une autre doctrine pbilosophique qui n’admet pas que la guerre soit un mai en soi. La philo-sophie de Kant, qui poursuivait la guerre de son inexo-rable et absolue rćprobation, a ćtć remplacće en Alle-magne par la doctrine bistorique de Savigny et la doctrine philosopbique de Ilegel, enseignant le droit de la force dont la guerre est la suprćme sanction.
L'AUeinagne, dit un savant allemand, s’est acquis dans ces dernieres annćes la reputation d’£tre le pays ou se trouvent acluellemcnt les partisans les plus pro-nonces dc la guerre. Parmi ces derniers on compte memc des hommes tels que le docteur Lasson (1’auteur de Yideal de la cmlisation et de la guerre), le professeur Treitschke 'professeur d’hisloire 5 l’Universit6 de Berlin), le professeur Jaeger (naturaliste a Stuttgard), etc.
« Et pourtant nous avons souycnt vu A Petranger, parmi les repróscntants des sociólćs de la paix de PAlle-magne, plusieurs des professeurs de nos universites, et entre aulres MM. Bluntschli, Heffter...
« M. le professeur Bluntschli, ajoute-l-il, dans son livre le droit des gem moderne dans les Elals civilises, presentć sous formę de codę, dćclare que la guerre doił ćtre considćree commc unc autoritć represenlant le droit, puisqu’elle fail connaitre et fait valoir les forces