- 46
le dire en son honneur, a emis le vrai principe qui caracterise la moralite de la paix, quand elle a dit qu’elle devait consacrer le rótablissement de bonnes relations entre les belligćrants, afin d’etre une paix solide et durable, principe qui interdit et condainne les condilions iniques et humiliantes que l’envahisseur impose & l’envahi et par suitę desquelles la paix ne fait que raviver les haines internationales qu’elle devrait eteindre. C’est a la Conference de Saint-Petersbourg a s’honorer i son tour en ne donnant au droit de la guerre d’autre principe que celui de legitime defcnse, en decla-rant ainsi ce qui peut seul pour la guerre constituer sa moralite.
11 apparlient donc a la Confórence dc Saint-Petersbourg de ne pas retomber dans le cercie vicieux des deux impossibilites auxquelles la Conference de Bruxelles s’est condamnóe:
L’une a ete, comme Pa dit le gouvernement anglais, de vouloir concilier 1’inconciliable en cherchant b creer un modus vivendi entre deux principes et dcux interets incompatibles, a savoir: entre le principe de la conąuete et celui de la legitime defense, entre l’interet de 1’injuste envahisseur et celui de l’envahi;
L’autre a ete celle de vouloir codifier 1’incodifiable, en cherchant a prevoir et reglementer tous les cas qui peuvent se produire sous la pression des faits dans la direction des operalions de la guerre et dans Temploi de ses moyens, au lieu de se borner aux principes genś-raux qui doivent servir dc regle de conduite aux chels d’armee et aux chefs de corps, en leur rappelanl la responsabilite morale qui leur incombc devant Topinion publique, devant leur conscience, devant Dieu et devant Thistoire.
Si la Conference de Bruxelles a cru devoir subir Pin-terdiction de poser et discuter des principes generaux impos£s par TAngleterre, commc condition sine qua non de sa presence, la Conference de Saint-Pćtersbourg a d’autant moins a souscrire k de pareilles exigences que cette regrettable concession n’a pas empechć le refus dc s’y rendre, exprime par 1’Angleterrc.
L’auteur d’une brochure remarquee sur YAnglelerre el les petits EtatsJA. le generał T..., dćmontre a 1’Angleterre que la guerre a besoin de principes qui la rć-gissent pour servir de regle aux chefs d'armee et aux chefs de corps, et efeterminer la responsabilife qui leur incombe, devant la morale et Thumanile, dans la conduite de ses operalions et 1’emploi de ses moyens. Or, a de-faut d’un codę oii ils aient ćfe reeueillis, M. le generał T... ouvre Thistoire pour montrer a TAngleterrc les anciens principes, si principes il y a, jusqu’ici prati-ques par la guerre, et il lui demande si la conscience humaine peut en tolerer le raaintien. II prouve ainsi Tincontestable nócessite de principes nouveaux que redanie le developpemenl de la civilisation.
Mais, ou trouver ces principes nouveaux? 11 est une doctrine vers laque!le ont paru incliner a la Conference de Bruielles plusieurs delegues, c’est celle exprimee avec tant de lucidite par Porlalis, lorsqu’il disait : c La guerre est une relation d’Ćlat ti Ćtat et non d individu a individu. Entre deux ou plusieurs nations belligerantes,