qu’il avait nourrie en son sein, le providentialisme de Bossuet devait garder longtemps une actualite surprenante.
Elle etait d’une part une arme pour les adversaires de Descartes. Mais d’autre part elle etait aussi un rafraichissement et un point de repere pour ceux qui, se sentant du gout pour la philosophie cartesienne, etaient tour-mentes par les problemes epineux qui surgissaient des qu’ils s’agissait de la mettre d’accord avec la doctrine revelee. Car Bossuet n’avait-il pas reussi a jeter un pont sur 1’abime qui s’ouvrit entre la science et la foi? Tout en demandant a sa foi ardente l’explication ultimę des evenements humains, il a fait valoir plus qu’aucun historien avant lui la causalite naturelle, grace a une observation minutieuse des faits et de leur liaison mutuelle.
„Le meme Dieu, dit-il, qui a fait renchainement de runivers...... a voulu
aussi que le cours des choses humaines eut sa suitę et ses proportions......:
a la reserve de certains coups extraordinaires, ou Dieu voulait que sa main partit toute seule, il n’est point arrive de grand changement qui n’ait eu ses causes dans les siecles precedents” 462).
C’est aussi ce melange d’ardeur religieuse et d’esprit scientifique qui donnę a l’oeuvre sa valeur eternelle et qui lui a valu en Hollande, comme ailleurs, de rester un livre recherche. Longtemps apres que les suites chronologiques de ses imitateurs etaient tombees dans Toubli le plus complet, on publia encore une nouvelle traduction hollandaise de son Discours 463). Nous avons deja vu quelle place prepondćrante le livre occupait dans le programme d etudes de 1’ecole janseniste de Rijnwijck. Un temoignage de la premiere moitie du dix-neuvieme siecle nous fait voir qu,il figurait aussi sur celui du seminaire catholique „Hageveld” 464). Ainsi bien des pretres hollandais y auront puise des pensees edifiantes pour en enrichir les leęons qu’ils avaient a donner aux fideles. Et il nJest certainement pas temeraire de dire que les arguments de Bossuet pour la transcendance de la doctrine de Jesus-Christ sont devenus en Hollande aussi classiques que ceux de Chateaubriand pour la beaute du christianisme4G5).
LES MAXIMES ET R£FLEXI0NS SUR LA COM6DIE.
Un traducteur de YIntroducłion a la Vie Devołe, en 1732, fait un reproche de laxisme a Franęois de Sales, pour avoir permis aux femmes mariees et aux jeunes filles d’aller au bal, voire meme de danser, et de mettre beaucoup de soin a leur toilette. En ce point, le saint eveque de
462) Discours, 3eme partie, chap. 2.
463) ’s-Hertogenbosch, J. J. Arkesteyn, 1825.
464) Lettre de Bernard Hafkenscheid ( le pere Bernard C.ss.R., predicateur renomme) a Broere du 21 mars 1831. (Archives du Seminaire de Warmond).
465) On les retrouve entre autres dans \'Exposł des zrais principes sur l’instruc-tion publiąue, p. 474. (L'auteur est C. van Bommel, qui, avant de devenir eveque de Liege, etait regent du Seminaire „Hageveld”).
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