1’orgueil et du plaisir de se nuire. II y en d’autres preuves : « Le goiit de mon sang dans 1’ananas me terrifiait de volupte. »187 « C etait si monstrueia que cela me ravissait. »188
Au moment ou Amelie savait qu’elle ćtait en train de mourir, « son corps se revolta contrę sa tete » et elle recommenęait h manger avec la douleur : « la nourriture ćtait 1’ćtranger, le mai ». « Manger etait le diable qui separait mon corps de ma tete. »189 Apr&s que son corps a repris une apparence normale elle Pa haft encore plus qu’auparavant « Je le hais autant
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que l ’on peut hair. » Elle se compare k Grógoire Samsa : « Je vivais dans le
fantasme le plus abject: j’avais desormais le physiąue ordinaire d.’une filie de seize ans, ce qui ne devait pas etre la vision la plus terebrante de l ’univers ; de l ’interieur, je me sentais cancrelat geant, je ne parvenais pas plus a en sortir qua sorłir. »191 L’anorexie mentale est toujours accompagnće de la condition psychique perturbee et pousse des limites de la normę courante ; le normal est obese, le maigre est inacceptable, l’etique est plausible. Le principe de la perversion se repćte : l’anorexique crće un monde artificiel avec ses propres lois.
Un autre « cas » est decrit dans le Robert des noms propres. Plectrude frequente 1’ecole de ballet ou est l’anorexie imposee par les professeurs. Le but est pareil comme dans le roman precedent: les petites danseuses sont obligćes de ne pas arriver k la maturite pour qu’elles soient legćres, minces et, en effet, asexuelles (aucune filie n’a de rżgles). Les professeurs torturent leurs corps, degofltent le repas aux filles et voire leur donnent « des pilules qui bloquaient certaines mutations de Fadolescence ». Enfin, la decalcification de Plectrude cause qu’elle est obligee de terminer de danser. « Quand on pesait trente-cinq kilos, la vie etait differente : l 'obsession consistait a vaincre les epreuves physiques du jour, a distribuer son energie de maniere a en avoir
1,7 Nothomb, A.: Biographie de la faim. Paris, Albin Michel 2004, p. 208
188 ibid. p. 219
189 ibid. p. 221
190 ibid. p. 222
191 ibid. p. 222
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