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La relation qui s'etablit entre la population et ia justice est en grandę partie dśterminee par le caractśre public de cette demi&re. Surtout pour les premieres vingt annees etudiśes, les registres indiquent souvent que le proces-verbal a eu lieu en plein air, sur la place publique ou dans le cimetiśre. Ce n'est que plus tard que les feuillets indiquent que la rśdaction s'est faite au palais. Partant d’un plan du palais dresse en 1793 et dMnfonmations puisees principalement dans les Archives des Bouches-du-Rhóne, Felix Reynaud brosse un portrait des installations du palais. II indique qu’il “est probable que les Iocaux de ia juridiction et leur annexe obligatoire, la prison, occupaient une partie de Paile orientale".63 Puisque rendre la justice represente Pun des princlpaux pouvoirs selgneuriaux, la cour a tout interet a exercer ses fonctions le plus regulierement possible afin de maintenir clairement en vigueur ses droits de juridiction. Le niveau d’organisation de Padministration judiciaire assure en effet un exercice assez regulier de la justice et la cour seigneuriale siśge en permanence avec une interruption pendant la periode des recoltes ou elle invite d*ailleurs la population au calme afin de soutenir Peffort collectif des vendanges. Deux ordonnances des juges de Manosque, I*une de 1247 et Pautre de 1295,64 s’inspirent vraisemblablement d’une constitution de Pempereur Theodose qui etendait a Pagriculture Pinstitution des jours fóries avec pour principal objet la sanctiflcation du dimanche.65 Le mois de fevrier est sans aucun doute Pun des mois les plus charges pour les officiers seigneuriaux qui procedent a de nombreuses arrestations.66 Les relations qułentretiennent le pouvoir seigneurial et les justiciables avec le phenomene de la
63Felix Reynaud, La commandeńe de fHópital de Saint-Jean, p. 144. Voir Annexe E, plan du palais de Manosque de 1793 conserve aux Archives des Alpes de Haute-Provence} sous la cote L 383, p. 284.
^L^rdonnance de 1247 est contenue dans le registre 903 au folio 34. Celle de 1295 a ete retranscrite par Camille Amaud, Histoire de la viguene de Forvalquier, tome I, Marseille, Camoin, 1874, p. 214, articie, 170.
bSCamille Amaud, Histoire de la viguerie de Forcalquier, p. 210. Uauteur renvoie au Codę thśodosien, Lex 2, Cod. de feriis, nous ajoutons un renvoi au Code de Justinien, (C. 3, 12. 2.).
“Rodrigue Lavoie, "Delinquance sexuelle, Justice et sanction sodale“, p. 177. “La saison chaude, surtout en juillet, etait la haute saison du sexe a Manosque en raison de Paffluence de joumaliers dans ia ville, suivi de pres par fevrier ou des dóbordements camavalesques avaient souvent cours".