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constant. On y prend connaissance des preocupations de la population et de Pautoritó judiciaire relatives au maintien de Pordre social. De m§me, c’est souvent dans cette partie seulement du proces-verbal que Ton peut saisir une part de I1 image de la justice. Ainsi, le mement choisi par les Manosquins pour faire intervenir la cour dans leur quotldlen nous indlque peut-śtre aussi ce qu'ils en attendent. Se rendant aux champs pcur la moisson, Richarda croise un homme sur sa route, un certain Jacobus Pannerius. Est-ce pour exprimer son plaisir ou au contraire son inquietude qu'elle le salue en disant: "Que Dieu me donnę bonne encontre"? Uhomme la jette alors au sol et veut coucher avec elle. Pour se defendre, Richarda le grrffe au visage et il la relache. Mais quand elle le menace de se plaindre a ia cour, il la frappe avec le poing et lance son chapeau et un drap dans une \zigne.38 La cour devait representer, en particulier pour les femmes, un trait d‘union entre la population et le pouvoir seigneurial dont Pun des principaux devoirs est d'assurer (a protection des personnes. Ce pouvoir de la cour connu de tous pouvait donc etre brandi par une femme contrę un śventue) agresseur, comme les hommes brandissaient leurs armes. La menace de recours judiciaire faite par Richarda suscite par ailleurs une reaction de violence redoublee dans laquelle Jacobus Pannerius exprime peut-śtre la peur que lui inspire un appareil devenu efficace et puissant.
Pour que la cour seigneuriale puisse veritablement representer un lieu de justice, elle doit conserver sa reputation dłimpartialite. La presence a la cour de nombreuses affaires opposant des membres de la communaute juive, et ce 3856H 947, f. 25v., [16-31]-08-1261. "...Richarda Jurata denunciando dixit reęuisita suo sacramento quod dum ipsa [irefl ad messas et dum die jovis proxime ppetenta fuerunt octo dies, obviavit sibi Jacobus Pannerius ad viam grossam et ipsa dixit sibi: "Deus det michi bonam encontram". Et tunc dictus Jacobus fermavit [?] secum et proiecit eam ad terram volens jacere cum ipsam. Et tunc ipsa Richarda escrafinavit ipsum in chara, in tacie et tunc ipse dimisit eam tunc. Et ipsa dixit sibi tunc auod conguereret curie de eo. et tunc ipse percussit eam cum pugno et proiecit linteamen suum et capellum suum in guadam \rinea. De loco, dixit quod in carreria publica et dixit quod soli erant”. Environ un an auparavant, la meme menace de recours judiciaire avait ete formulśe par une femme lors d’une agression similaire qu'elle avait effectivement denoncee. 56H 946, f. 60, 19-10-1260.