Panorama de la littćrature
II est toujours problematique de classifier tendances, courants, ecoles, evenements litteraires. La littćrature coloniale ou exotique ne fait pas ici exception et il n'est pas etonnant de tomber sur la constatation suivante : «La reflexion sur la littćrature exotique met les chercheurs dans une situation desagrćable»1 2 ou bien sur celle de Martine Astier Loufti qui parle «d'un probleme obsedant de terminologie))3 concemant la littćrature portant sur les colonies car le texte colonial ou colonialiste n'est pas toujours un texte exotique (nous reviendrons sur ce probleme plus tard). Pour les representants du mouvement «algerianiste» le non-exotisme du texte litteraire est un critere Capital qui decide de la veracite du discours; remarquons cependant que la littćrature de voyage ou viatique, comme le veut Pierre Halen, repose sur une distance du meme par rapport a 1'autre ou bien sur une dialectique meme/autre, pour citer Jean-Marc Moura. Le discours dialogique fonde sur la relation le meme-autrui, ou sur un autre couple je-1'Autre, pour reprendre Levinas, semble etre la dominantę de chaque texte exotique et surtout de sa variete qu'est le texte colonial. Pour eviter les defmitions simplistes, Moura prćcise que
l'exotisme ne veut pas dire un simple changement de decor, [...] 1'inspiration exotique suppose une certaine attitude mentale envers 1'etranger, une sensibilite particuliere, developpće dans le contexte d'un voyage.4
1 D. Brahimi, Enjewc et risęues du roman exotique franęais, textes reunis par A. Buisine et N. Dodille, Didier, 1988, p. 11.
M. Astier Loufti, Prćface de Litterature et colonialisme, l'expansion coloniale vue dans la
littćrature romanesąuefranęaise 1871-1914, Mouton, 1971, p. VIII.
ł J.-M. Moura, Lirę l'exotisme, Dunod, 1992, p. 3.