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54 Jacob Festus Ade Ajayi

science et la techniąue. II est nćcessaire de tenir compte de 1’ampleur de cette perspective pour dćfinir les thćmes de 1’histoire contemporaine.

C’est ainsi que 1’historien doit ćtudier avec des spćcialistes d’autres disci-plines 1’impact de la science et de la technique sur les conditions d’existence dans la socićtć africaine contemporaine. Le taux de mortalitć infantile a baissć meme dans les rćgjons les plus reculćes, et les consćquences dćmographiąues de ce fait doivent etre envisagees dans une perspective historique. De meme, il faut prendre en considćration 1’influence qu’exercent partout les progres de la technologie des Communications de masse et des transports. En effet, il reste aujourd’hui en Afrique peu d’endroits assez isolćs pour n’etre accessibles ni k Pautomobile ni & la radio, et les incidences de cette ćvolution sur la naturę de la socićtć contemporaine mćritent de faire 1’objet d’une ćtude historique. Nous allons en mentionner brićvement trois.

D’abord, la technologie des Communications de masse et des transports, en rćduisant considćrablement les distances, intćgre plus ćtroitement l’Afrique a un monde qui se rćtrćcit sans cesse. Cest pourquoi 1’historien de l’Afrique contemporaine ne s’intćresse plus seulement aux activitćs des envahisseurs du continent, ni k la diaspora africaine; il lui faut garder ćgalement en mćmoire 1’impact gćneral du monde extćrieur, meme en 1’absence de rapports directs manifestes, ainsi que Ie role k la fois conflictuel et complćmentaire des forces du nationalisme, du transnationalisme et de rintemationalisme. Alors que chaque pays pris individuellement, d’une part, et 1’ensemble du continent, d’autre part, cherchent k se libćrer de toute influence ćtrangćre pour affirmer leur autonomie et leur identite propres, il apparaft maintenant que le succćs meme de ces efforts dćpend de la mesure dans laquelle un juste ćquilibre pourra etre maintenu entre les nationalismes, les groupements rćgionaux et les systćmes mondiaux.

En deuxićme lieu, il importe de dćterminer jusqu’i quel point la technologie des Communications a contribuć & la politisation des masses, qui, aujour-d’hui, sont au courant des questions tant nationales qu’internationales et parti-cipent k leur discussion, meme dans les zones rurales, comme les dirigeants le savent bien. Les masses parviennent donc dćsormais & influer sur le cours de 1’histoire, meme au sein de systćmes politiques relativement fermćs : 1’historien ne saurait nćgliger ce facteur, qui a modifie la naturę du role jouć par les masses dans la socićtć contemporaine, en aliant au-delś. de la notion manciste de leur importance sociale et ćconomique en tant que facteur de production.

Troisićmement, s’il est vrai que la pćriode coloniale a accćlćrć la crois-sance des villes, qui sont aujourd’hui les póles du developpement ćconomique, les sićges des gouvemements et les lieux de rćsidence des nouvelles ćlites poli-tiques, la plupart des Africains vivent pourtant encore dans les zones rurales, et 1’historien de l’Afrique contemporaine doit se prćoccuper de leurs conditions de vie. Les zones rurales sont celles qui ressentent le plus les effets dćmogra-phiques de 1’amćlioration des services sanitaires, ce qui a de graves rćper-