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beaucoup la science et la sagesse de Gilles des Charaps, ąualifie d’excellent professeur et c "summę circumspectionis vir" (H, 248 et 252), mais gardę un silence revelateur sur sc eloquence. Quant a Jean Petit, ii est comme beaucoup d’autres un orateur brillant (luculentus mais le chroniqueur le juge trop verbeux et pas assez elegant122. De telles reserves soi cependant rares Ainsi, Michel Pintoin fait beaucoup de cas de 1’admirable eloquence de Pień d’Ailly, metne s’il n’eprouve aucune sympathie envers lui: l’homme qui, en 1389, deviei aumónier du roi et chancelier de l’Universite de Paris, trouve place au sein de la petite elite d< docteurs "elegantissimes", qui comprend entre autres Simon de Cramaud et Jean Gerson123
Le Religieux ne s’interesse pas a la vie inteme de rUniversite124. II passe rapidement si les discussions des theologiens et des canonistes, qui risqueraient de lasser son lecteur, ełU relevent d’ailleurs davantage du domaine des ecoles que de celui de 1’histoire125. Ce qu’il jug
necessaire de faire connaitre a la posterite, c’est 1’implication des intellectuels dans les affairc
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de 1’Eglise et de FEtat. Et ses preoccupations se comprennent mieux lorsąiTon sait que periode qui s’etend de 1380 a 1440 environ voit Fapogee du role politique des universitair< parisiens, dont le prestige social n'a sans doute jamais ete aussi grand126. Des les annees 138< les docteurs proposent des Solutions au Grand Schisme. Pendant longtemps, ils ne sont guei ecoutes. Mais ils contribuent plus tard a decider le gouvemement franęais a se soustraire Fobedience de Benoit XIII, en 1398 puis a nouveau en 1408. Ils participent aux conciies c Pisę (1409), de Constance (1414*1418) et de Bale (1431*1440), ou ils defendent Ja doctrir conciliaire. La guerre civile qui dechire la France pendant les quinze demieres annees du regr de Charles VI ne rend pas les docteurs muets, bien au contraire. En 1408, Jean Petit, servitei 122 "Luculenter ostendit" (IIL 380). Jean Petit sc montre cependant trop bavard: MLongo et proiixion sermot supplicavit* (fil. 376); "hiis in exordio sans prołixe deducusT (HI, 754). Son eloquence est souvetn surebargi (prolixe [...] peromata. morę solito) et ne respectc pas assez les regies de la rhetoriąue {plus tamen libei eloąuencia quam e lęgu ant i commendendo) {ibid). Au sujet du vocabulaire de re!oquetkce chez Michel Pintoi voir B. Guenee. "Le Religieux et les docteurs". pp. 681-683.
‘J3 Sur Piene d*Ailly: IL 224: sur Simon de Cramaud: D. 578; sur Jean Gerson: UL 346 et V. 136.
124 "Un excellent professeur. comme Pierre de Dieney. dont on sait par ailleurs qu’il a marque des generatioi de jeunes tbćologiens. mais qui s*est abstenu de toute activite exterieure a rUniversitć. □'apparait pas dans recit de Michel Pintoin" (B. Guenee. "Le Religieux et les docteurs". p. 679).
125 *Que dicta sunt scolis pocius narranda ąuam stilo croniquo estimarem. cum legentibus posset fastidiu generare, et compendio, ąuod studiose ąuero. officeren (I, 514). mProfitnditalem sentenciarum singuloru relinąuens scolaribus studiosis. ut justum est, cum de ipsis traciatum non me deceat formare. et causam solu sub compendio perstringendo...9 (Ul. 472). Cf. ćgalement 1,694 et U. 526.
126 Voir J. Verger et C. Vulliez. "Crise et mutations des unhersites franęajses a la fiu du Mo>en Age particulieremem aux pp. 109-110 et 121-122.