II - LES INSECTES ET LA FORET
II y a une relation simple et 6vidente : plus une zonę cst l iche en especes vegetales. plus la variabilite en tnsectcs est grancie, nieme si tous ne se nourrissent pas directement cle plantes (beaucoup sont carnassiers, predateurs1. necrophages2. coprophages3, hematophages4 ou autres parasites). La grancie cUversite clu monde vegetal entraine la prćsence cl'une multilucle d(organismcs lićs et adaptes a celte vegetation.
Etablissons un parallele entre deux regions clont nous connaissons sufflsamment hien le profil cle rentomofaunc. Dans un pays cPEurope conime la France, les zones forestieres de basse altitucle ou la florę cl la faunę sont bien connucs (fruit cle deux siecles d'observations. craecumulation cle connatssances et de divcrs travaux en syslematique), complent plus cle 30.000 especes dinscctes. Dans ce recensement, sont exclu$ volontairenienl los groupes endćmiąues5 aux zones montagneuses ou les conditions gćographiques d*isolement ont entraine un phenomene de spćciation6 au cours cles millenaires. C’est le cas notammenl des especes apteres7 donl on denombre plusieurs milliers dans les Alpcs. les Pyrćnćcs et la Corso. II faul enfin savoir quc la France forestierc ne compte guere plus d’une centaine d arbres cllfferents.
Par contrę, dans une region conime la fotel. guyanaise ou la diversite vegetale cst dix fois superieure (plus dc 1.000 essences forestieres arborescentes cle cliametre superieur a 15 cm), nous clevrions logiąuement en trouver au moins 300.000 ce qul nous parali de primo abord exagere. Melas, nous ne disposons daucurt moyen pour cleterminer le nombre reel d especes coexislantes. Seul le Demiurge pourralt nous repondre... Cependant. toutes les familles darihiopodcs8 faisant 1’objet detudes approfondies en Guyane. se rćvelcnt clix fois plus riches en cliversite qu‘en France. Et. si la Guyane nc possecle pas un relief permettanl la presencc dendemisnie en contrepartie, clle nous donnę une image parfaite cle ce qu’est le "brutt cle fond" dc la variabilite aniazonienne.
III - ROLE DES INSECTES DANS LA FORET
I^a foret est vivante et formę un tout avec les organismes vćgćtaux et animaux qui la constituent. On ne pcut parlcr despeces nuisibles ou utiles a la foret primaire. car toutes jouent un role prćcis dans lequilibre fragile de cette masse vegetale luxuriante sur sol pauvre. Dans la seule familie d inscctes clits xylophages9 -2.000 especes- que j etuclie en Guyane, certains s'at!aquent aux arbres morts. facilitant ainsi le travail des termites forestiers pour recycler la matiere vegetaie en clecomposilion et enrichir le sol. dautres aux arbres vivants en coupant des branches afin de poncho sans ćtre gćnes par la sćve, dautres encore aux arbres affaibłis. aux graines ou aux branches cassees, enfin, les plus redoutables sen prennent au cocur cfarbres parfaitement sains.
Mais, les choses ne sont pas aussi simples car une espece clangereuse pour tme cssencc clonnee peut en menie temps permettre la pollinisation de certaines fleurs qui ne sauraient etre fecondcs sans la prescnce cFinsectes floricoles. On parlera d’entomogamie et nombreuses sont les plantes utilisant ce systeme de fecondation. Quancl un gros arbre sain voit sa vic abregee par les attacjues successives dc defoliateurs10 ou de xylophages, sa chute, en creant un chablis11. permettra 1'acces a la lumiere de certaines pousses qui envahironl ce nouvei espace. Cc systeme fonctionnc mcrveillcuscmcnt depuis cjue la foret cxiste et rhomme modernę n’a pas ete invite a en modifier le programme... Les animaux dc la foret sont cle grands consommateurs cPinsectcs et cet apport nutritif (en proticles, phospholipides. glucides) ne pourralt etre remplace pour bon nombre d*oiseaux. cle mammiferes, dc reptiies, cle batracicns et nieme de poissons dc riviere.
Mais alors. me direz-vous. pourąuoi un monde cPune telle importance, est-il encore si mai connu ? En introduction, nous avons deja vu que le nombre considerable cPespeces rencl la connaissancc immediate et exhaustive cPun tel unlvers tres dilficile et, surtout, les instances qui dirigent la programmation dc la formation scientifiąue universitaire n en peręoivent pas toujours Pinteret, souvent par carence cPinformation. Aujourd*hui encore, on admet clifficilement qu*un entomologiste soit toujours occupe a decrire cles Mnouveautes'’. alors que les mammalogistes ou les ornithologues en sont eux aux obsemitions ecologiques ou ethologicpies.
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Prćdalcurs : se nourrissent dc proles vivanles.
•r’ Nćciophages : se nourrissent dc cadavrcs.
® Coprophages : se nout rissenl <les cxciemenls <l'aniinaux.
Hematophages : se nourrissent du sang des ecrtćbres. l.a fcmcllc de moustiqnc par exeinplc a besoln dliemoglobtne pour assurer la maturation des oeufs apres fecondation.
Endemkjue : que l’on reneontre sur une aire preeisc ou tle lalblc etcmlue gćographlque. Montagnes. ileś. groltcs. vallćcs encaissees. lacs...
Spedatlon : apparition d cspćecs nomrllcs au cours des temps par le phenomene dc <lćrive gćniquc {un nombre rcstrelnt d'lndividus isolćs ct peu reprćscntatifs de leur populatlon d'origlne va. en ćvoluanl a part dans certaines conditions. donner naissance a une nouvcllc espece. en passant d ałxłrd par le stadc tle sous-es|>et*e).
19 Apteres : tlepourvu tl ailes. tlone nc |K>uvaut se deplaccr sur de grauclcs tllstanees.
Arlhro|>odcs : Embianchcnient dont font partie les Inscctes. Aradmides. Crustaees...
Xylophages : qul nc se tlevoloppent qu'aux dćpens tles arbres ; ils agissent tlone sur rarcbiteclurc dc la forćt.
Delbliateurs : se nourrissanl esscnticllcmenl tle Icuilles.
Oiablis : un ou plusieurs arbres rciwersćs par le vcnt. creant une elairit-re nalurclle.