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Notes critiąues
et ce qu’il a ćcrit, entre son faire et son dire. Le parcours que M. Soe-tard tracę de la vie de son personnage est ćcrit avec beaucoup d’aliant et de talent et 1’auteur pousse ainsi son lecteur avec beaucoup de force vers le terme de ce qui peut paifois apparaitre comme une his-toire edifiante. Les bonheurs d’expression sont legion, nous retien-drons plus particulierement cette caracterisation des Recherches de Pestalozzi, qui nous semble pouvoir s’appliquer a 1’ensemble de ses ceuvres ecrites, ou la pensće du pedagogue suisse est comparee, selon une metaphore ftlee, a un torrent qui charrie images, impressions et sentiments et eprouve quelques difficultes a se glisser dans le lit du concept (p. 24 sub init.). Nous avons egalement beaucoup aime la breve misę en gardę de M. Soetard a 1’ćgard du terme de « naturę » chez Pestalozzi, qu’il ne faut pas tirer dans le sens du naturalisme (p. 39). 11 est dommage, par ailleurs, que 1’auteur n’ait pas attire 1’attention de son lecteur sur les ambiguitćs d’un autre terme, tout aussi essentiel : celui d’activitć. Mais il s’agit la d’un defaut propre a la reflexion de Pestalozzi, qui identifie activitć et mouvement (pp. 41, 112-113), sans poser la question de la specificite de Tacthute intellec-tuelle. La misę en perspective de Tceuvre de Pestalozzi dans le cadre de Thistoire de la pedagogie aurait vraisemblablement permis de mieux situer les enjeux et 1’importance de ce « grand Suisse ». Et cela, en prenant en compte a la fois la posterite pedagogique de Pestalozzi - la querelle entre Kerschensteiner et Gaudig sur la notion d’activite ou celle que Ton voit se dessiner dans l’ouvrage de Hame-line, Jomod et Belkaid entre Claparede et Ferriere nous permettent de mieux saisir les insuffisances de Telaboration de ce terme d’activite -et ses predecesseurs (nous avons regrette de ne pas pouvoir com-prendre, par exemple, quels sont les liens qui se sont etablis entre Pestalozzi et les Philanthropinistes). Nous avons aussi regrette 1’absence d’une breve misę au point sur les rapports entre les oeuvres de Rousseau et de Pestalozzi, qui aurait permis au public vise par la collection de mieux comprendre, en le situant dans une histoire des problemes pedagogiques, 1’apport du maitre d’Yverdon. De faęon plus generale (mais cela tient sans doute essentiellement aux 128 pages de la collection), Tauteur a fait le choix de ne pas surcharger son livre par des notes d’introduction aux textes qu’il presente. Quels sont pourtant les etudiants qui ont entendu parter du Physiocrate alle-mand Schlettwein (p. 69), des reviseurs (p. 124) ou meme de Basedow (ibid.) ? Qui reconnaitra sous la crćation d’un « monde peint » (p. 123 in fine) V Orbis pictus de Comenius et pourra se reprćsenter 1’importance que cet ouvrage a eue dans Thistoire de la pedagogie ? Mais on touche sans doute aussi k un point plus essentiel dans la com-prehension de Pestalozzi, qui est le refus par M. Soetard d’inscrire son ceuvre a Tinterieur du mouvement de la philosophie allemande,