son peuple, comme a Massillon qui voyait en sa Majeste un objet du choix de la nation517). II n’aurait pu en etre autrement chez un homme qui abhorrait la Revolution comme la lutte contrę le Dieu vivant, et qui ne voyait en Tinfluence du peuple sur le gouvemement que domination de la populace, pire que Tanarchie. Ce pragmatisme politique n’operait pourtant pas de rapprochement dans le domaine purement religieux. Bień au eon-traire; avec son ardeur passionnee Groen y tirait plus impitoyablement que les autres les lignes des convictions doctrinaires. Ainsi les representants du Reveil ont contribue pour leur part a pousser le protestantisme hollan-dais dans la direction de Tintolerance. Ce developpement s’est accompli de nouveau sous le poids d’influences etrangeres; il a ete egalement favorise par les circonstances exterieures: le troisieme centenaire de la Reforme avait ete si plein de polemiques de part et d’autre que toutes les anciennes controverses, presque enterrees au siecle precedent, allaient revivre. Un protestant liberał ne pouvait s’empecher de deplorer cet effet desastreux de la controverse: Tantipapisme semblait devenir la seule devotion d’un grand nombre de ses coreligionnaires, qu’on recevait en meme temps que la vie. A tel point les polemiques s’etaient aggravees 5l8).
Si implacables que soient les partis religieux, il se trouve toujours quelque ange de la paix. Cette fois non plus ce n’etaient pas les tentatives de pacification qui manquaient. Dans Tespoir de dissiper des divisions inutiles, un pasteur mennonite publia un petit livre ou il etablit un parallele entre la doctrine de TEglise Reformee et celle de TEglise catholique 51°). Les prejuges paraissaient pourtant s’etre multiplies si abondamment que dans son exposition du catholicisme il confondait d’une faęon inextricable les dogmes avec les regles disciplinaires, les opinions particulieres, les usages pieux et meme les abus. Aussi le resultat de son effort fut-il decou-rageant. Bień loin d’avoir contribue a la concorde des chrśtiens, Tauteur avait fourni un sujet de querelle de plus. Ant. Bogaerts, qui soumit Topus-cule a un examen detaille, avoue a cette occasion qu'il ne croit plus possible que des protestants parlent d;un air non prevenu de la foi catholique 520). II ne voit plus qu’une seule issue de cette impasse: c’est qu’un protestant expose d7une faęon simple et approfondie la doctrine de sa propre Eglise — a supposer que ce soit possible, puisqu’au fond c'est contraire au prin-cipe de la Reforme —, et qu’on laisse aux catholiques le soin d'exposer la leur. II assure en meme temps a ses lecteurs protestants que, pour cette derniere part, leur patience ne sera pas trop eprouvee, puisqu'il espere mettre au jour sous peu une nouvelle traduction de YExposition de la Foi
517) Ger. Brom, Romantiek en Kałholicisme in Nederland, t. II, p. 312.
518) Cd. Busken Huet, Literarische fantasien en kritieken, t. XIV, p. 64.
519) D. IJsenbeek, De Leer van de Protestants che en Katholieke Kerk, 1832.
52°) A. Bogaerts, Een woord over het z.g. Glaubens-Schild van Lodewijk Sack-reuter...... onlangs kier uitgegeven door D. IJsenbeek, 1832.
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