3 La presse prćrćvolutionnaire grecąue 135
pour ainsi dire, les vibrations profondes du modus vivendi preexistant. Ce lecteur grec, et par extension balkaniąue du debut du XIX® siecle, auąuel je me rćfere, intellectuel ou negociant, est sujet k une mobilitć plus grandę; c’est Thomme des Iumieres qui est concemć ici, qui voyage et qui fait du commerce; aussi, ce type humain nouveau est-il de plus en plus sensibilise aux choses nouvelles, ayant grand soif d’apprendre. II s’avere desormais exigeant pour la connaissance de l’evenement politique, soucieux de plus en plus de la vćracite de son information; il aiguise son intćret pour la synchronie10. Le toumant pour 1’actualitć et Ie desir de son interpretation avaient d’ailleurs trouve leur expression dans la collection, la traduction et la publication d’une multitude d’ouvrages decrivant et analysant quelques evenements majeurs d’histoire contemporaine; cette activitć survint vers la fin du XVIII® siecle11.
Pretons justement attention k ce que Daniel Roche remarque k ce sujet que je considere d’une importance majeure dans le processus de cristallisation d’une ' identite culturelle nouvelle: «La presse (comme le livre) est alors point d’ancrage et de reference dans 1’ocean des informations orałeś. La transmission des nouvelles precede, d’abord par des voies multiples inorganisćes qui empruntent les pas des voyageurs et les circuits des echanges (les routes,les marches, les foires) comme ceux de commerce social a travers les institutions de la sociabilitć culturelle. Dans ce contexte, la nouvelle nait souvent de la rumeur qui se formalise dans 1’insecurite et 1’incertitude mais 1’information se definit k travers le contróle et la verification. La presse se dćveloppe alors sur le double terrain de la curiosite et de 1’action. Elle doit faire sa route entre 1’histoire et la politique»12.
«Les joumaux sont 1’histoire de nos jours», s’exclame M.D.Schinas, a propos de la pamtion du Telegraphe Helleniąue.™Donc.ce futur lecteur bourgeois vise est notamment receptif a la creation d’une presse periodique d’information generale, apte a lui procurer une varietć de renseignements et de connaissances utiles, sans mćconnaitre pour autant de combler sacuriositó epanouie et manifestee a maints egards 14.
En ce qui coceme une dćfinition de la presse periodique d’avant la Guerre d’Independance, dont l’existence, k une seule exception, celle du joumal politique le Telegraphe Helleniąue, fut fragile et d’assez courte durće, notre quete d’indices quant a une ćvaluation d’ensemble de son activite pourrait etre grandement satisfaite. Certes, les affinites culturelles avec le mouvement des Lumieres europeennes de la plupart de ces cinq revues Iittćraires, a savoir A8qva, KaAXiórcq, Aóyioę Epjifię (=Le Mercure Savant), Me^iaaa (=L’AbeiIle) etcbi^o>.oyiKÓę TqX.źypacpoę ( Le Telegraphe Phi!ologique)15 sont plus que flagrantes.
10 Cf. a Anna Tabaki, «Le Telegraphe Hellćnique.,»., op. cit.y p. 260.
11 Voir ma contribution au volume Ściivains etrangers traduits en grec, XV*-XVIII* siecles; Athenes, CRN/ FNRS, sous-presse.
12 Daniel Roche, op. cjt.f p. 102.
13 Le Mercure Savant (Eppf>ę o Aóyioę), 1812, fasc. du 15 dćcembre, p. 371. Coinparez au temoignage apportć par recópyioę Ao^EVtid8r|ę Zoo7iavicóxr]ę; Icodwoo Oirovópoo Aapicoaioo 1783-1842, EmaroJlai Aia<pópcov ..., Athćnes,1977, pp. 66-67. Cf 4 Anna Tabaki, «Le Tćlćgraphe Hellćnique..», op. cii., p. 260.
14 Op, cit.. p- 260.
15 Cette feuille constitue k partir de 1817 jusqu>en 1821 le supplćment litteraire du Telegraphe Helleniąue. J’exclus de mon aperęu la feuille intitulće To Mooxe(ov, n’ayant joui que d’une vie vraiment ćphćmere.