7 La presse prerćvolutionnaire grecąue 139
Grammaire, inserć dans la rubriąue Philologie (dn^o^oyia). II s’agit d’un expose qui n’ignore point les principaux concepts de la Grammaire Generale (=reviicr| rpappauicri) des philosophes; 1’auteur grec approuve donc la conception selon laąuelle la Grammaire depend etroitement de laphilosophie et ne manąuera meme pas de rendre hommage aux idees relatives de Diderot30.
En guise de conclusion, j’aimerais soulever un demier sujet qui demeure encore ouvert a la recherche; la majorite de la presse prerevolutionnaire, et notammant sa feuille la plus importante, le Mercure Savanty revele les traces d’un debat en pleine evolution s’articulant autour des questions d’esthetique. Tres brievement, je notę que nous assistons a 1’etalage d’une problematique aliant dans deux sens: d’une part <da defense et riIlustration» de 1’esprit neoclassique, exprimć plus ou moins integralement mais avec tenacite par ceux de nos lettrćs qui sont influences par Ie courant franęais et, d’autre part, 1’apparition de quelques dispositions theoriques, annonęant en quelque sorte les osmoses romantiques et exprimees par ceux qui sont en rapport avec 1’ecole allemande. Je cite ici la collaboration de Zen. Pop concemant la presentation de Nemesis de Herder au public de langue grecque31. Le traducteur de ce texte y ajouta un Ćpimetre avec ses propres commentaires ou ii adopte les appreciations de Mme de Stael (De 1’Allemagne) sur Herder aussi bien qu’en ce qui conceme la floraison des etudes classiques en Allemagne 32.
Neanmoins il est passionnant de poursuivre les voies bien contoumees de receptivite; je choisis un exemple qui surprend agreablement le chercheur, ou precisement c’est par le biais fiunęais, a savoir par 1’elargissement de 1’ univers mental des lettres franęaises que survient Pimpact de la pensee et de la litterature allemandes. Je me refere a un article tres riche en suggestions qui fut publie en deux suites au Mercure Savant de 1’annee 1819, intitule Abrege de l'etat acluel de l’activite culturelle en Allemagne™. La traduction effectuee par un anonyme a ete basee sur un texte publie dans la Bibliotheąue Universelle de 1’annee 1816. La encore, 1’auteur exprime son admiration pour «l’excellenb> ouvrage de Mme de Stael, De 1'Allemagne. Dans cet ample panorama de culture allemande figurent des penseurs comme Kant, Fichte, Schelling, Novalis, Winckelman, Herder, des auteurs tels Lessing. II y a meme mention des traductions de Shakespeare effectuees par Schlegel. Retenons enfin une reference au gćnie musical de Beethoven qui ne sera pourtant pas depoumie d’une certaine mefiance34.
Les annees prerevolutionnaires etant a la chamiere de deux dispositions, nous
30 Le Mercure Savant (Epprię o Aóyioc) 1816, p. 87 sq.
31 Op. cit., p. 129 sq. La reception de Herder par la culture grecąue modeme a ete etudiee par C.Th.pimaras, Les Lumieres Grecąues (NEOEAAr|VtKÓę Aia(po)tio|ióę), op.cit., p. 283 sq. Quant aux collaborateurs du Mecure Savant qui sont familiarisćs avec la pensee et l’oeuvre de Herder, il distingue surtout deux noms: celui de Thćodore Manoussis, k qui nous devons le bilan de I’ Histoire Universelle, presentć dans cette revue en 1813, et celui de Zćn. Pop.
32 “IlapdpTTipct too Metatppaotoó”, op. cit., p.163 sq.
33 “ d)iXo^oyia. Eóvo\j/ię Tąc napoóorię KaTaoTdoEcoę TT)ę naidEiaę Etę Tqv rEppaviav”, Le Mercure Savant (Epprję o Aóyioę) 1819, pp.853-863, et 893-903.
34 Op. cit., p. 900.