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Notes de lecture
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reorganisation de la Metropolie moscovite en Patriarchie a consolide cette autonomie, conformement aux normes du droit canonique. Par consequent, elle a approfondi «rinfluence de 1’Eglise russe sur le plan intemational».
R. G. Skrynnikov, souligne le fait que cette initiative d’institutionalisation du patriarchat en Russie «appartient exclusivement au pouvoir laVque». L’Etat moscovite, faisant face a ce niipiiMiimia conflit de longue duree avec la hyerarchie ecclesiastique des annees du regne de poris Gudunov - essayait, avec une tenacite toujours croissante et, en egale mesure efficiente, de se sousiordonner les structures ecclesiatiques.
Un autre probleme que souleve Pouvrage est celui de Pheritage culturel byzantin, marque dans Pespace russe par Porganisation de la vie monacale, Au X1VC s., PEglise byzantine avait impose une reforme des monasteres russes, etayee sur le regime de vie en commun.
Selon Pavis de Pauteur, PEglise n’eut jamais acqui une autorite spirituelle absolue si elle lPaurait compte parmi ses militants des personnages «doues d’une grandę capacite de sacrifice pour la cause commune», Le staretz du monastere de Radonej, Serge, en est un exemp!e. C’est parce qu’il fit confiance au prestige du pere Serge que le patriarchę cecumenique Philotheus a abouti a la realisation du Studion qui avait declenche une aprehension dans les milieux monacaux, manifestee par Pabandon des monasteres.
Dans quelle mesure Serge de Radonej a.tiil par(age les idees hesychastes contemporaines? Dans ce sens, R, G. Skrynnikov consigne, a cóte de G, P. Fedotov?, que «le temoignage de Pexistence d’une telle tendance mystique dans la tradition orthodoxe est extremement subtile et a peine perceptible».
11 convient de remarquer que, en parallele avec «Punivers de Pheresie» et de la «peur eschatologique» en Occident (Jean Delumeau) la Russie etait, elle aussi, un espace terrorise par Pattente de «la fin du monde» et des «enquetes sur Pheresie» (judaisante et latinisante) impor^ees de Novgorod. La republique de Novgorod ne fut jamais soumise aux invasions tatares, ce qui lui a pennis «de conserver un impor^ant patrimoine de livres»; la tradition or{hodoxe dc Novgorod etait fondamentalement differente de cclle moscovite car ici la vie intellectuelle permettait le rayonnement d’une pensee librę
Les modalites de repression des «judaisants» furent introduites dans cette zonę de PEuropę de nord, conformement a Pideologie et a la methodologie de rejet et de la persecution des conyei^os dans PEspagne catholique par Pintermediaire du moine dominicain penjamin ■ devenu Pun des plus proches conseillers de Gennadios Parcheveque de Novgorod ■ celui qui brossa a ce demier une image inedite de «Pactivite du roi Ferdinand et de la Sainte lnquisition».
Dans cet ordre d’idees s’inscrit aussi Punę des plus durables mythologies de POrient slave, q savoir, la theorie de «Moscou, la troisieme Rome». Pour la premiere fois, cette idee ■ fondatrice dłun mythe - a paru dans «lzlojenie pashalii.r» redigee par le metropolitę heretique Zosima, ou lvan le IIP est presente comme successeur direct de Pempereur Constantin, tandis que Moscou słest transformee en un deuxieme Constantinople - «le nouvel Jerusalem»,
II nous semble que R. G. Skrynnikov est d’accord avec la reeva!uation specifique (N, Andrejev) de la let^re du staretz Philothee ou le syntagme perd sa nuance apologetique et ne suppose pas un contenu messianique, explicitement formule plus tard. Or, apres la conquete des territoires russes du nord-ouest et la secularisation de 80° o des terres episcopales et monacales par les autorites moscovites, le superieur du monastere d’Eleazar elaborait «un traite destine a la defense des biens des eglises, un traite contrę les phenomenes negatifs de la vie ecclesiastique»4.
Le milieu du XV1C s. marque, pour la Russie, un pas en arriere de l'heritage byzantin et Paccroissement de Pinfluence occidentale. La penetration des idees heretiques - protestantes en premier lieu» a ete facilitee par Papparition des imprimeries, evenement soutenu avec applications par le tzar.
Nous nous permettons d’apprecier, une fois de plus, la contribution du chercheur russe a la meilleure connaissance de Pun des aspects imporjants de la politique medievale en Russie.
Manuela Anton
' G.P. Fedotov, (imni.it* P>t m.Moscou, 1990, p. 150.
i N. Andiejev, ,lmt*p{ii\|^ u nkqnqimt h. in Studies in Moscoyy: Western Injluences and Byzantine Inheritance, Yariorum Reprints, London, 1970, p. 71.