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SUK LE NOM DE CHOU ET SA EONCTION
alors, des prćoccupations mćtaphysiques ont empeche que la necessite du vide s’impose dłemblee a la reflexion physique, on voit mai comment los Egypliens des millenaires anterieurs auraient pu en prendre conscicnce, ou bicn il faudrait quc «vide» ne signifie pas «vidc» en egyptien.
Or. si Fon cxamine attentivcment les emplois ordinaires de swy rassembles dans les dictionnaires1, on s’aperęoit que ee mot couvre un champ semanlique bicn defini, qu'il porte un sens privatif indiscutable et qu'on le traduit toujours par: «etrc privć, vidc, exempt, depourvu de quelque chosc. manquer de, etre dans le besoin». 11 indique donc toujours une absenee, un defaut. Qui donc croira de bonne foi qu'en rabsencc d'unc notion philosophique clairc ou d'une necessite physique ou metaphysique, un peuple du IVC millenaire ait pu nommer un dieu «L’Absent» ou «Le Vide»? Ccux qui voudront voler au secours de la vieille explication nFobjecteront peut-etre que, pour nous cncore, Fair — dont Chou cst manifestement le signe mythique — et le vide se eonfondent, quand nous disons «ce verre est vide». Mais cette confusion de Fair et du vidc n*est possible qu’aussi longtemps que Fair nc joue qu'un role passif, qu'il nc se deplace pas, que nous ne le sentons pas.
Or, Chou est tout le contraire d’une masse incrte qui se deforme, insaisissable, pour entourer les objets visibles. 11 est au contraire, dans la mythologie, une realite assez solide pour supporter le ciel et les nuages et assez sensible pour qu’on lui attribue de grandes actions, comme dans cet admirable hymne d’Hibis qu’il convient de citer ici: «Tu es magnifiąue dans tcs manifestations sous formę des quatrc vents du ciel, dira-t-on quand ils sortent de la bouche de Sa Majeste, Ame dc Chou qui pese sur les vents quand la Barquc (du soleil) traverse le ciel chaquc jour. qui vit dans Fatmosphere jusqu'aux confins du ciel. II entre dans toutes les plantes et elles se developpent parce qu’il fait vivre les fcuilles. Sa forcc est evidente plus quc cclle d’un lion, violent lorsqu’il fait se dechainer le ciel et qu’il provoquc la tempetc sur la mer qui s’apaise quand il est paisiblc. Cest lui qui cree tout ha lorsqu’il fait gonfler le Nil jusqu’a cc que son coeur decide de provoquer Fetiage...»2. C’est beaucoup pour un «Vidc». On fera donc bien d'etre mefiant et de se demander si une autrc etymologie ne rcndrait pas mieux comple de la naturę reelle du dieu dc Fair, telle que les Egyptiens ont pu se Fimaginer.
Pour cela, sans faire la monographie de Chou, nous allons reexaminer ici un certain nombre de textcs qui mettent Chou en scene, choisis parmi les plus anciens pour etre aussi proche que possible des origines, et d’ou nous pourrons tirer argument pour fixer les traits d’un dieu aerien qui ont le plus frappć ceux qui ont senti le besoin de Fintegrer a leur cosmologie.
II suffira dc rcnvoyer ici au Wb IV. 426-7 ct a FCD, p. 263.
Hibis III. 31, 38-40.