180 Compte rendu des debats
II a ćtć soulignć, enfin, qu’il importait de ne pas nćgliger les effets psycholo-giąues de la « modernisation » sur les peuples africains et la fascination des biens de consommation : ce sont, aussi, des ćlćments de 1’analyse politique qui ont leur poids, tout particulićrement au moment du « dialogue » entre pouvoir et gouvernćs.
Cette discussion trćs approfondie a montrć que tous les experts ćtaient dćsireux d’en finir avec les « analyses et miettes », et les clichćs opposćs « modernisation »/
« tradition ».
(ii) A partir de 1&, on pouvait s’attendre que le debat relatif au point 1 g de 1’ordre du jour fit apparaitre plus encore les profondes diffćrences d’interprćtation qui opposaient nombre d’experts au directeur du volume. Ces divergences se sont fait jour tant dans le domaine ćpistćmologique que dans celui de la mćthodologie.
Un court dćbat, sans rćsultat, a tournć autour du thćme « Histoire contempo-raine de l’Afrique » ou « Histoire de PAfrique contemporaine ». Tous les experts ont rejetć 1’idće d’une histoire de type ćvćnementiel, d’une chronologie pure et simple; ils se sont aussi montrćs mćfiants k l’ćgard d’un emploi non critique et trop confiant des statistiques.
Tous ont exprimć le voeu que le volume VIII soitrćdigć, comme ceux qui 1’ont prćcćdć, dans la perspective d’une histoire globale et explicative. Personne n’avait 1’illusion que la t&che serait aisće, en particulier i cause du foisonnement de 1’infor-mation; chacun a admis que cette premićre synthćse serait imparfaite, aussi bien du fait de l’inachćvement de bien des ćvolutions qui devraient etre examinćes que du fait de 1’occultation temporairement lćgale d’une partie importante des sources.
La dćfinition de la formę que devrait revćtir cette histoire de l’Afrique contemporaine ćtait la meme pour tous les participants : elle devait etre globale, ce qui signifie beaucoup plus que generale. La majoritć des experts qui se sont explicitement prononcćs sur cette question considćrait que 1’analyse marxiste, scientifiquement appliquće, constituait le meilleur instrument d’approche pour une telle ćtude globale. Des rćserves importantes ont ćtć faites, nćanmoins, sur 1’emploi de cette mćthode. Pour cerains experts, elle avait peut-Stre une valeur thćorique gćnćrale et ouvrait des possibilitćs importantes de prćvision : c’est une mantóre de voir qui ćtait dćjk apparue au colloque de Gaborone sur rhistoriographie de l’Afrique australe, et k celui de Varsovie sur le volume VIII. D’autres experts ont constatć avec inquićtude que les modćles maraistes, s’ils sont manićs avec maladresse et sans souplesse, ne corres-pondent pas aux rćalitćs africaines et ils ont dćclarć qu’ils n’y trouvaient pas toujours de rćponse aux questions que leur posent les socićtćs qu’ils ćtudient. A quoi les premiers n’ont pas rćpondu — ils auraient pu le faire si le dćbat s’ćtait dćroulć k un niveau purement abstrait — que 1’application rćellement scientifique, non dogma-tique, non automatique, de cette mćthode devrait conduire ceux qui 1’utilisent k ćviter les inconvćnients, trćs rćels, que signalaient les seconds.
Trois comportements pouvaient etre adoptćs au sujet des questions discutćes : celui des marxistes dogmatiques, celui des marxistes critiques, en constant rćexamen de leur mćthodologie, celui d’historiens non marxistesf mais non moins soucieux d’analyses globales sćrieuses et honnetes.
A plusieurs reprises, 1’idće a ćtć formulće que le fait d’ćcrire Thistoire de l’Afrique sous l’ćgide de 1’Unesco, si elle apportait d’incontestables moyens de travail, pouvait aussi entrainer des difficultćs dues k la situation de 1’Organisation