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Problśmes de l'historiographie africaine
et phiłosophie de I' « Histoire głnirale de l'Afrique »
des sources orałeś, aujourd’hui utilisćes avec des moyens de plus en plus perfectionnes. Les legendes et proverbes, les ballades des hćros anciens et les rćcits des aleux de la « tribu » font maintenant partie des donnćes utilisćes pour reconstituer le passć africain. Le terme « document » se dćpouille progressivement de son caractere inćvitablement littćraire. Une balladę rćcitće de mćmoire pourrait ainsi devenir un document.
Parmi les problemes de methodologie qui se posent pour 1’histoire africaine figurę 1’utilisation des donnćes linguistiąues. Ces donnćes sont parfois necessaires pour comprendre 1’histoire des migrations d’une partie du continent k une autre. La migration des Bantu a suscitć un grand dćbat. D’oii viennent ces races et ces « tribus » dispersćes a travers une grandę partie de l’Afrique subsaharienne et parlant les memes langues bantu? Quelle route ont-elles suivie ? Une analyse approfondie de la langue devient un instrument prćcieux pour distinguer les mouvements historiques.
L’archćoIogie se heurte en Afrique au problćme pość par des societćs qui n’utilisaient pas correctement les briques et le mortier. Les poćtes d’Afrique ou de la diaspora africaine se sont parfois amusćs de cette situation. Ścoutons le poćte noir martiniquais qui a forgć le mot « nćgritude » :
Ma nćgritude n'est ni une tour ni une cathćdrale,
Elle plonge dans la chair rouge du sol.
Eia pour ceux qui n'ont jamais rien inventć, Pour ceux qui n'ont jamais rien explore.
Eia pour la joie,
Eia pour l'amour,
Eia pour la douleur au pis des larmes reincarnees.
Aimć Cćsaire dćcrit dans un ćlan romantique 1’absence de monuments qui caractćrise la civilisation africaine. Le sud du Sahara offre aux archćologues beaucoup moins de vestiges que le nord k dćcouvrir et k ćtudier.
En fait, parce qu’il y a eu trćs peu de travaux jusqu’ć. prćsent et parce que 1’archćologie africaine est encore relativement peu dćveloppće au sud du Sahara, il y a encore amplement matićre k decouvertes archćologiques. Mais, en demićre analyse, les archćologues doivent admettre l’exaltation du poćte : « Ma nćgritude n’est ni une tour ni une cathćdrale,
Elle plonge dans la chair rouge du sol. »
Les historiens africains doivent dćcouvrir de nouvelles faęons de tirer parti de ce que peut offrir 1’archćologie, tout en admettant qu’elle ne saurait nous ren-seigner aussi bien sur le modę de vie des socićtćs africaines anciennes que sur le mortier et le marbre utilisćs dans certaines aires de la civilisation grecque.