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74 David S. Chanaiwa

Je m’efforcerai de tester et d’appliquer Ies thćories actuelles relatives k la dćpendance et au sous-dćveloppement. Mon ćtude initiale semble indiquer que ces phćnomenes ont des causes multiples en Afrique australe. Historique-ment, la colonisation de peuplement dans les provinces du Cap, du Natal, du Transvaal et de l’Ćtat librę d’Orange a ćtć, au cours de la pćriode antćrieure k la rćvolution miniere de Kimberley et du Witwatersrand, tres tributaire du travail des migrants et des esclaves africains venus des zones frontalićres qui n’avaient pas encore ćtć conquises. Du fait de l’expansion et des conquetes coloniales, les migrants ćtrangers devinrent des ressortissants des pays ou ils se trouvaient, mais, en raison de la sćgrćgation raciale imposće par les rćgimes coloniaux, ils restćrent des travailleurs migrants i 1’intćrieur de leur propre pays. Ainsi, 1’histoire coloniale de l’Afrique australe a toujours ćtć marquće par une politique et une psychologie du travail migrant qui ont influencć les employeurs comme les travailleurs, les pays d’accueil aussi bien que les pays d’ćmigration.

Un autre de mes postulats, c’est que les problćmes de la dćpendance et du sous-dćveloppement n’ont eux-memes revetu leur signification actuelle qu’aprćs 1’accession des pays d’ćmigration k 1’indćpendance. En tant que colo-nies, ils ćtaient en rćalitć des provinces ćconomiques qui etaient partie intćgrante de l’Afrique du Sud et de la Rhodćsie, et, de ce fait, les problćmes de la dćpendance ćtaient essentiellement peręus en fonction des stratćgies centre-pćriphćrie. A l’ćpoque coloniale, le dćveloppement et la prospćritć ćconomiques des zones centrales — en d’autres termes, des colonies de peuplement fondćes par les Europćens — devaient en principe avoir des retombćes sur les zones pćriphć-riques, c’est-&-dire sur les protectorats; les problćmes de la dćpendance et du sous-dćveloppement sont donc directement lićs, en Afrique australe, aux pro-blćmes de la souverainetć et de l’indćpendance nationales.

On peut se demander ici dans quelle mesure les anciennes zones pćriphć-riques d’un systćme ćconomique colonial et centralisć possćdent les ressources et le potentiel leur permettant d’exister en tant qu’Ćtats indćpendants et auto-nomes. Quels seraient, en Afrique australe, les avantages et les inconvćnients d’un regroupement des Ćtats-nations une fois leur indćpendance acquise ?

L’autre probleme lić k la souverainetć nationale est celui du personnel dirigeant africain et donc du processus de prise des dćcisions dans le cadre des politiques gouvernementales. Le fond de 1’affaire, c’est que les dirigeants eux-memes sont des produits du capitalisme matćrialiste et des stratćgies de dćveloppement appliqućes dans les « zones centrales », c’est-&-dire les colonies. Ils partagent les idćes des colons sur la modemisation, le dćve!oppement, les services publics et meme les rapports entre le patronat et les travailleurs. La question est la suivante : en tant que membres d’une petite bourgeoisie nationa-liste, peręoivent-ils correctement la naturę et les dimensions de la dćpendance ? Dans quelle mesure peuvent-ils, doivent-ils dćfinir et formuler diffćremment la