insupportable. £tre mort sans etre mort: c’est »inenterrable«. C’est comme, ais ob, ąuasi on nous offrait un abri.”
Ce motif tanatologiąue, repris par Deirida d’une faęon plutót drolatiąue met le cntique de “l’oeuvre” de Derrida dans une situation un peu embarrassante. Le compte-rendu, c’est-a-dire une opinion objective, critiąue et explicative par rapport a une oeuvre, par exemple celle de Jacąues Derrida, par necessite, cela devrait etre une evaluation de quelque chose qui est deja amve, quelque chose de terminer, alors comme s’il etait mort, petrifie, transforme en une formę dure, immobile, stable. Dans le cas de quelqu’un qui dit qu’il n’ecrit aucuns ouvrages et qui voit plusieurs significations meme dans son nom propre, le critique est oblige d’ecrire a propos de quelque chose dont la presence est incomplete, de quelque chose, dans un certain sens, absente, d’un fantóme que Derrida a pris comme sujet dans l’un de ses derniers livres sur les fantómes de Marx.
Le compte-rendu sur l’oeuvre de Derrida doit etre non pas une critique des fantómes mais celle d’une theorie ou d’une methode qui a deja demasque sa propre imprevisibilite, a sapę son propre avenir. Maintenant elle nous apparait, sous habit du nom propre Jacques Derrida, comme la nue, prete a etre utilisee, innocemment pornogra-phique Derrida-verite, comme la deconstruction denudee qui seduit par la possibilite de ses multiples, bien que previsibles, services. Annoncee par les adversaires fervents de Derrida la mort du monstre fantomatique de la deconstruction n’est, a vrai dire, que d’essayer de la transmettre a 1’histoire, le passage a laquelle constitue paradoxale-ment la naissance dans 1’oubli de la desactualisation. Le passage a 1’histoire, c’est aussi la “desactivation”, c’est de priver de la possibilite d’agir, petrifier l’existence dans la formę propre aux archives qui est toujours la formę archaique. Pourtant, comme Derrida nous assure, la deconstruction, malgre la chronique de sa mort qui s’ecrit depuis plus de trente ans, elle est, repetons-le, comme si elle etait morte, parce qu’elle 1’etait toujours. “S’il y a une difference entre la deconstruction et la modę ou la discipline n’importe laquelle, c’est ce que celle-la a cnmmence par mourir.” Autrement dit, la deconstruction nous fait affronter 1’incertitude de la presence (existen-ce), vis-a-vis de la certitude s’echappant de l’evaluation de Tindecis, a 1’egard de quelque chose de monstrueux, qui est ce qui a deja ete mentionne et autre. Dans ce sens la deconstruction epistemologique
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