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Notes critiqu.es
Parmi ces ouvrages rćcents, on peut citer l’excellent livre de S. Sahar (1) et, plus rapide, celui d’A. Giallongo, en italien (2). Le lecteur franęais, quant i lui, disposait dćjk du livre de D. Alexandre-Bidon et M. Closson, Uenfant h l’ombre des cathćdrales (3) ; il doit desormais y ajouter le vćritable ouvrage de rćfćrence que la mdrne Daniele Alexandre-Bidon vient de publier, cette fois-ci en collabora-tion avec Pierre Riche.
La sortie de ce livre a coincide avec une trós belle exposition organisće a la Bibliothćąue nationale et portant le meme titre. II ne s’agit cependant pas du catalogue de cette exposition, mais d’un livre tout a fait autonome, ayant valeur par lui-meme (meme si, naturelle-ment, on y retrouve nombre des images qui furent montrees & la dite exposition).
Le livre de D. Alexandre-Bidon et P. Riche est d’abord un « beau livre », de grand format, magnifiquement imprimć sur un trós beau papier et contenant plus de deux cents illustrations toutes en couleurs. Empruntees principalement k des manuscrits enluminćs (plus quelques objets archeologiąues, gravures et fresques), ces illustrations sont toutes identifiees avec prćcision et accompagnćes d’un bref commentaire. La plupart de ces images, souvent fort belles, dtant de surcroit fort peu connues, le simple fait de feuilleter ce Iivre est dćj& un plaisir a la fois pour 1’ceil et pour 1’esprit.
Mais on aurait ćvidemment tort de nćgliger le texte. Clair et precis (a de tres rares exceptions pres : qui est ce « Charles, fils de Philippe le Bel, baptise le 18 juin 1214 », de la p. 163 ?), de lecture toujours agreable, ce n’est pas une somme ćrudite sur le sujet - le quantitatif, en particulier, y fait presque toujours defaut - mais une presentation synthetique des tendances les plus rćcentes de la recherche et, surtout, un panorama complet de la documentation disponible. Car c’est bien la le cceur du probleme ; 1’histoire de 1’enfance au Moyen Age a ćte trop longtemps handicapee par 1’idee que les sources faisaient dćfaut, et certains en tiraient argument pour conclure a 1’absence d’intćret de cette epoque pour 1’enfance. Or ces sources existent, elles sont meme abondantes et nos deux auteurs le montrent parfaitement. II s mettent bien en evidence les secteurs majeurs de cette documentation : l’ico-nographie (a condition de ne pas s’en tenir h un petit stock d’images, toujours les memes et interprćtees de manierę anachronique) - la lit-terature de fiction - la littćrature didactique, notamment m^dicale -les archives (testaments, contrats notariśs, inventaires, etc.); a quoi il faut ajouter 1’hagiographie, les rógles monastiques, les sources
(1) Childhood in the Middle Ages, Londres, New York, Routledge, 1990.
(2) II bambino medievale. Educazione e infanzia nel medievo (voir mon compte rendu dans ce mfime numćro).
(3) Lyon, Paris, P.U.L., Ed. du CNRS, 1985.