115
Notes critiqu.es
analyse ici, cPapr&s des textes du mouvement et des tćmoignages de militants qu’elle a sollicites au dćbut des annćes 1980 et qu’elle ci te largement, soixante ans d’engagement dans la JOC (1927-1987) : pedagogie specifique marquće entre autres par 1’usage de la Rdvision de vie (RDV) et du camet du militant, lourdes responsabilitós mili-tantes, exercćes en gćneral pour une courte duróe (deux & quatre ans). Confronte aux rćflexions des autres militants et de l’aum6nier, k la fois effacć et prćsent, le militant apprend le contróle de soi. Depuis les annees 1960, c’est un scolaire, voire un ćtudiant : prćs de 80 % des responsables de la JOC sont au moins bacheliers en 1982-1983. Le jociste a donc vocation k devenir un « intermćdiaire social » -mais on n’apprend pas grand chose sur cette activitó d’« intermć-diaire », sinon le rappel du « voir-juger-agir » qui ouvre k la pratique de la parole, de Tecriture et de l’enquete. La JOC est une pćpini£re de militants. La pratique religieuse devient cependant sólective. Un « habitus de combat » semble orienter les jocistes vers d’ autres for-mes de pratiques, tandis que leur foi se definit plus volontiers comme une « recherche ».
Avec le « mouvement d’ótablissement » et 1’histoire des Comitós d’action lyceens dans la region lyonnaise, Mamix Dressen et Paul Aries portent leur regard sur une jeunesse tout autre. Le premier desire montrer les convergences entre le mouvement des jeunes maoistes qui se sont « etablis » en usine et le syndicalisme d’action directe : antiparlementarisme, antićtatisme, hostilitć aux accords, refus de 1’autorite imposee de Textórieur, encore que 1’intemationa-lisme des etablis prenne une part beaucoup plus grandę que dans le Syndicalisme revolutionnaire et que les maoistes, a la difference de la CGT naissante qui s’appuyait sur les ouvriers professionnels, valori-sent les ouvriers spćcialisćs. Le mouvement semble k 1’auteur le signe d’une fin du mouvement ouvrier traditionnel, dans une crise ouverte par le comportement de la gauche institutionnelle durant la guerre d’Algerie. L’analyse est fine des tendances qui peuvent rappeler aussi bien le Syndicalisme rćvołutionnaire qu’une certaine sensibilitć catholique : populisme, basisme, recherche de la subsidiaritć qui aboutit a 1’autogestion. Le tout baignant dans la croyance, comme Marx, en une « revolution catastrophique ». C’est aussi une familie d’esprits proche des mouvements de 1968 qu’óvoque en temoin et en acteur Paul Ari^s (1) en retraęant 1’histoire de 1’UNCAL k Lyon entre 1973 et 1979. A l’initiative de la Jeunesse communiste, 1’UNCAL nait d’une scission au sein du mouvement lyceen. Cette organisation pleine de vitalitó prend de 1’indópendance. La Jeunesse communiste
(1) II cite entre autres sources le film toumć en 1982 par Romain Goupil, Mourir k trente ans, k la mćmoire de Michel Recanati, l’un des leaders du mai lycćen.