DISCUSSION GENERALE SUR LES AILURAYINAE
Trois genres distincts constituant trois lignćes phyletiques independantes ont donc pu etre mis en evidence dans 1'Eocśne inferieur et moyen d'Europe: Euromys nov. gen., Meldimys et Ailuravus.
Euromys nov. gen., strictement Eocene inferieur (= Ypresien), est constituee des chrono-especes E. cardosoi (MP 1)-E. thaleri nov. comb. (MP 8-9)-E. inexpectatus nov. gen. et sp. (MP 10) - auxquelles pourraient ćgalement s'ajouter, intercalee entre E. cardosoi et E. thaleri nov. comb., "E. metacingularis" (nov. comb.). Elle correspond a des formes dont Ie poids moyen estime croit de 100 h 400 g environ. Elle est caractćrisće par un schćma dentaire qui reste primitif et simple pour des Ailuravinae. 1'email dentaire est lisse a legerement chagrine; l'incisive infćrieure semble relativement longue.
Une seconde lignee correspond au genre Meldimys, connu par la seule chrono-espece M. louisi (niveau-repere MP 8-9). Dans l'ćtat actuel de nos connaissances, l'extension geographique de ce genre semble limitće au seul Bassin parisien. Elle correspond a des populations dont le poids moyen est estimć & 100-120 g. Quelques caracteres dentaires typiques la caracterisent, notamment la formę des P4, le fort developpement du mćtaconide aux Minf et du paracone aux Msup. Meldimys possede donc une morphologie dentaire plus dćrivće que celle d'Euromys nov. gen.
La troisieme lignee (Ailurams) montre une extension stratigraphique plus importante que les deux autres, de 1'Ypresien au Bartonien. Elle est constituee des chrono-especes A. michaiai (cf. et aff. en MP 8-9, MP 10)-A. macrurus (MP 11)-A. picteti (MP 13, MP 14)- A. stehlinschaubi (MP 16). Elle correspond a des formes dont le poids moyen estime croit de 500 g environ a 3-4 kg. Elle est caracterisee par une denture sensiblement plus robuste que dans les deux autres lignćes (tubercules et cretes plus massifs), et ou la surface de 1'ćmail se complexifie considćrablement. La mandibule est trapue, et l'incisive nettcment plus courte que chez Euromys nov. gen. Cette formę semble donc morphologiquement la plus dćrivee, la plus specialisee des trois decrites.
Ces trois genres prćsentent des tendances ćvolutives communes.
Aux molaires inferieures, le trigonide tend a devenir de plus en plus robuste, notamment dans sa fermeture posterieure (metalophide II de plus en plus dćveloppe); 1'ectolophide dcvient complet, le cingulum posterieur plus robuste et 1'incision entre hypoconulide et entoconide mieux marquee. II y a une tendance nette, dans les trois lignees, & 1'accroissement de la taille relative de la P4.
Aux molaires superieures, le sinus lingual est de plus en plus profond - et l'hypocóne corrćlativement dc plus en plus massif et isole -; les conules sont relativement de moins en moins importants; le mćsostyle est de plus en plus fort.
Partant de la, et compte tenu des tendances evolutives ainsi degagees, un lien phylogenćtique entre ces trois lignees peut etre propose. Euromys nov. gen, semble constituer la "souchc" ancestrale d'ou se detachent, puis evoluent independamment, les genres Meldimys et Ailurams. A. michauxi, present des Pourcy et & Rians, et M. louisi, present a Mutigny, se sont probablement sćparćs de la lignće E. cardosoi-E.
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