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Lanalyse des donnees disponibles, non fondees. Si, dans les premieres versions des tests, des items biaises en faveur des Blancs de classe moyenne etaient presents, ceux-ci furent remplaces ou eliinines au fil des revisions. Aujourd’hui. les tests de QI predisent la reussite scolaire et professionnelle avec le meme degre de precision pour tous les groupes socioeco-norniques et ethniques.
G est ce que confirme d’ailleurs le point 5 de la declaration signee par 52 eminents chercheurs dans le domaine de la cognition :
Les tests d’intelligence ne presentent aucun biais culturel a rencontre des Noirs (Afro-Americains) ou des membres d’autres groupes ethniques s’ils sont nes aux Etats-Unis et que leur langue matemelle est 1'anglais. Au contraire, les scores aux tests de QI predisent avec la meme precision pour tous ces Americains, peu importe leur race ou leur classe sociale. Ceux qui ne maitrisent pas )'anglais peuvent se soumettre a un test non verbal ou a un test dans leur langue matemelle (Larivee 8c Gagne, 2006, p. 3).
Si l’explication des performances inferieures de certains groupes d’individus ne renvoie pas a quelque biais culturel des tests de QI, 1’argument culturel pour-rait bien cependant concerner certains desavantages de leur inilieu dc vie. II se pourrait, en effet, que des groupes disposent de moins d’opportunites de resoudre des problemes requerant un certain niveau d’abstraction, ce qui retarderait ou hypothequerait leur maitrise des compćtences mesurees par le test ou, comme Heath (1989, 1990) l’a montre, que certains groupes s’exercent davantage a devclopper des com-petences moins bien representees dans les tests de Ql. L’instauration de conditions environnementales qui pourrait se traduire, par exemple, par la misę sur pied de programmes destines a Tamelioration et a la crois-sance d’habiletes mentales necessite qu’on prenne d’abord acte des resultats. Nier la realite n’est sans doute pas le meillcur moyen.
Enfin, le caractere quelque peu vieillot d’une grandę partie de la litterature disponible s'explique probablement par le fait que les chercheurs contem-porains considerent ce probleme resolu (Suzuki Sc Valencia, 1997). Ces etudes et d’autres ont toutes montre que le WISGR, le test le plus utilise aux Etats-unis et dans le reste du monde (Oakland Sc Hu, 1992) n'etait nullement biaise en regard de 1’appartenance ethnique (voir par ex., Oakland Sc Feigenbaum, 1979; Poteat, Wuensch Sc Gregg, 1988; Reschly Sc Reschly, 1979; Reschley 8c Sabers, 1979; Reynolds Sc Gutkin, 1980; Reynolds 8c Hartlage, 1979). A partir des annees 1970 et 1980, la majorite des travaux effectues sur le probleme des biais culturels de cette epoque se retrouve dans les syntheses effectuees par Jensen (1980) et Reynolds (1982).
Par ailleurs, les echelles de Wechsler, dont le WISC-III, ont ete traduites et etalonnees dans une quinzaine de pays (Georgas, Weiss, Van deVijer Sc Seklofske, 2003). Ces adaptations a Taide d’echantillons representatifs n’ont toutefois pas donnę lieu, sauf erreur, a des recherches sur d'eventuels biais culturels de l ampleur des etudes etats-uniennes. Par contrę, les analyses sur la structure factorielle permettent de con-clure a 1’absence de biais associe a la validite con-ceptuelle. Ainsi, non seulement retrouve-t-on dans tous les pays les deux echelles traditionnelles, verbalc et non verbale, mais aussi la meme organisation factorielle a quatre facteurs : comprehension verbale, organisation perceptive, vitesse de traitement de l’in-formation et attention/concentration (freedom from distractability). Au total, les analyses factorielles du
WISGIII ne soutiennent pas Thypothesc d’un biais cul-
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turel, tant aux Etats-Unis que dans les autres pays. Qui plus est, l’equivalence de la structure factorielle du W1SOIII entre les pays suggere que la cognition eva-luee par celui-ci est universelle (voir Berry, Poortinga, Segall Sc Dasen, 2002; Poortinga, 1989; Van deVijer Sc Leung, 1997). Sur la base de ces resultats, les chercheurs ont probablement conclu, compte tenu du peu de changements entre la structure du WISGR et cellc du WISGIII (voir Glutting et al., 2000), et par la suitę, du WISGIV, que les tests de QI ne sont pas biaises en defaveur des groupes ethniques qui com-posent la societe americaine.
Ce constat est en quelque sorte confirme par Brown et al. (1999), qui ont recense les travaux posterieurs a la publication de l’ouvrage de Jensen (1980), Bias in mentol testing. Leur conclusion est formelle : les donnees empiriques accumulees depuis la publication dudit ouvrage montrent que les tests d’intelligence les plus largement utilises ne souffrent d’aucun biais quant a leur validite predictive et con-ceptuelle. A cet egard, alimenter la rumeur des biais culturels des tests d’intelligence, comme le font encore certains journaux scientifiques, certains auteurs de manuels de psychologie ainsi que la presse populaire, est inexact sur le plan empirique, douteux sur le plan ethique et contre-productif sur le plan pra-tique. Les theories scientifiques et les donnees empiriques dument colligees ne doivent en aucun cas etre evaluees sur la base de leur popularite ou de quelque Hen avec une position sociopolitique particu-liere. L’attitude scientifique implique de resister a la tentation d’endosser et de repandre des faussetes plus confortables que la verite (Gottfredson, 1994); elle commande plutót de se soumettre au verdict des faits, ce qui implique bien sur de modifier son point de vue