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La raison d'une telle crcyance peut etre trouvec dans 1'analyse de l1intronisation. En effet, il słagit dfune ceremonie de passage particulierement grave et difficile qui reąuiert du candidat des capacites physiąues et morales contraignantes.
Seul celui qui satisfait aux differentes epreuves qułenu-mere pour le Walo le recit de Yoro Diaw (7) pouvait pretendre au trone en partieipant par ce biais aux principes mythiques de la royaute, et en particulier aux tribulations qui avaient ete cclles de Ndiadiane NfDiaye.
Mais les descriptions qui nous sont donnees du souverain intronise sont caracteristiques dfune situation nouvelle : il est represente assis sur un tertre - situation dominantę - tenant dans une main les armes de guerre et dans l*autre - la main droite, qui porte chance - les epis de mil et d'autres vegetaux. II nous est ainsi montre comme un personnage au double visage apportant soit la fertilite au pays, soit la desolation a tous ceux qui ose-raient attaquer le royaume ou troubler son ordre interieur. Les deux aspects de cette nouvelle personnalite ne jouent jamais, ce-pendant, de la meme faęon. Dans lfetude dfun systeme de reparti-tion, seules nous interessent ses attributions d'administrateur et d’horarae de guerre, agissant sur 1*ensemble des terres du royaume (rew) comme responsable de l*espace socio-politique et non comme garant de la fertilite des terres. Cette seconde dimension, secon-daire ici dans la mesure ou nous n#evoquons pas le systfeme d’cx-ploitation des sols et les attributions magiques du bur, pourrait nous empecher de comprendre les competences śtatiques devolues au souverain dans la reglementation de 1?installation des hommes et la repartition des terres. Remarquons enfin que la sanction en cas d1impuissance a faire rospectcr ses attributions tant magi-ques qu'etatiques est radicale, ce qui prouve 1’importance du role que ce souverain devait jouer : il pourra §tre detrone parce qufil aura donnę la preuve de son incapacite. II est donc d*abord et surtout le responsable de la securite du royaume. Au Walo,
Etat tres decentralise, seule la fonction militaire lui restera, l?administration relevant des trois grands electeurs (lc diagomaye, le diawdine, le mało).
Pathe Diagne dścrit fort justement pour le Cayor des sou-verains effectifs : "d^ne part, il leur incombe de faire rdgner lł ordre interieur, d*autre part, ils ont la charge de clćfendre 1’integrite du pays contrę tout agresseur. En ce sens, les chefs politiques ont śt6 les depositaires d'un pouvoir coercitif qui a contribue a faęonner un appareil politique pense pour permettre, entre autres, l’expression du pouvoir judiciaire et aussi militaire ot de police" (op. citć P. 99). Une telle analyse semblait ne~ cessaire afin de comprendre quel peut etre le role foncier du bur.
(6) suitę."rement pour se choisir un maitre qui ne regne qułautant qu'il leur plait. Ils le detronent par la force h moins que le roi ne se rende lui-meme assez puissant pour resister*1.
(7) D’apres les manuscrits publies par GADEN (1912) et Rousseau
(1929).