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cette partie du monde. Sous differentes appellations, les ócoles grecąues ou roumaines du XVII8 siecle n’ont jamais dćpassś le stade d’un lycće d’aujourd’hui. Un contemporain et śleve de 1’Acadćmie du Phanar, Dimitrie Cantemir, ścrivait qu’«on enseigne dans cette Acadśmie, en grec pur et ancien, la Philosophie dans toutes ses branches, et aussi plu-sieurs autres Sciences »84; il s’agissait de thśologie, de grammaire et de rhśtoriąue. La volonte dHmiter VOccident est visible: ce que VOrient or-thodoxe essayait de realiser par ces etudes n'etait que de completer Venseigne-ment theologigue par ce qui semblait necessaire pour la formation d'un liomme instruit dans les conditions du temps. Les disciplines etant peu nombreuses, les possibilitćs de se concentrer, d’approfondir les notions ótaient sans doute plus grandes. Mais meme en admettant ceci, on doit se demander dans ąuelle mesure des ćtudes faites dans ce genre d’óeoles pouyaient contribuer a l’activitć — politiąue, religieuse ou littśraire — ultśrieure des ślóyes, dans quelle mesure Teducation reęue leur permełtait de faire face aux graves problemes qui se posaient a la societe du XVII‘ siecle. Apprendre a ścrire correctement etait d’une utilitś incontestable, ainsi que les ćlóments de rhśtorique et de mathómatiques. Mais les ques-tions de mśtaphysique, de logique et de physique, enseignśes d’apres des commentaires plus ou moins nouveaux sur l’ceuvre d’Aristote, ne pouyaient prśtendre, dans la formation des intellectuels grecs du temps, qu’a ślargir leur horizon, a les habituer a une maniere de penser autre que celle thśologique traditionnelle, car il ne faut pas oublier que tous ces « colleges» fonctionnaient surtout dans les villes et avaient pour but de former une certaine couche d’intellectuels destinós a occuper de hautes charges dans l’35tat ottoman, les Principautós Eoumaines ou 1’Eglise orthodoxe.
Cependant, mśme dans ces limites, le dósir d’une óducation oc-cidentale se faisait puissamment sentir au Leyant. Ainsi que nous avons pu le remarquer, la plupart des ócoles mentionnśes datent de la seconde moitiś du XVII8 siócle. Mais dćja quelques dócennies auparayant, les grandes famibes du Phanar ayaient senti combien śtait insuffisante la formation «moderne» qui pouvait etre obtenue par les institutions d’enseignement constantinopolitaines. Les Oecidentaux avec lesquels elles ćtaient yenues en contact tśmoignaient d’une instruction supórieure, reęue dans les uniyersitśs de cette partie de 1’Europe, dont les plus proches śtaient, comme nous ne 1’ignorons pas, Eome et Paaoue. Une societó en voie de transformation imposait a 1’intellectuel grec de 1’Empire ottoman une ćducation nouvelle 85. Ce dont celle-ci ayait besoin en premier lieu,
14 D. Cantemir, Hisloirc de 1'Empire Othoman} trąd. de Joncąuieres, t. I, Paris, 1743, p. 114.
15 • Toward tlie close of the seventeenth century the descendants of these same Orthodox Christians eagerly inscribed themsełves as pupils m a new-model Western schooi in włiich