Second constat: les especes realisant la totalite de leur cycle en estuaire sont nettement minoritaires (une quinzaine sur 102); cependant POTTER et al. (1990), dans leur comparaison des ichtyofaunes estuariennes d'Afrique du Sud et d'Australie, ' observent- des pourcentages nettementTnoindres, compris entre 8 et 9 %. Faut-il voir
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dans Textension du substrat vaseux en Fatala un facteur favorisant la presences des especes vasicoles (8 gobiidae, 2 eleotridae, 1 ophichthiidae), qui developpent generalement des comportements parentaux (gardę et ventilation des ceufs demersaux) et realisent tout leur cycle en estuaire (JOHANNES 1978; MILLER 1984) ? WHITFIELD (1994 b) attribue le faible nombre de ces especes totalement estuariennes a Textreme variabilite du milieu, compte tenu du fait que la speciation est un processus qui se realise surtout en environnement stable (BRUTON & MERRON1990).
......Une troisieme grandę caracteristique est la totale continuite biologique entre
1'estuaire et la mer.
Dans la plupart des milieux estuariens tropicaux ouverts Tutilisation de 1'estuaire est surtout le fait de la phase juvenile, et une majorite d'especes se reproduit en mer (DANDO 1984; YAŃEZ-ARANCIBIA et al. 1985 b ; WALLACE et al. 1984; POTTER et al. 1990).
Or en Fatala, lorsqu'on excepte les visiteurs marins occasionnels dont le cycle vital est independant de 1'estuaire (lutjanides, remoras, requins,...), les especes pour lesquelles une des trois phases principales (juveniles, adultes, reproducteurs) ne se rencontre jamais a 1'interieur de 1'estuaire sont rares (10% des especes capturees a plus de 100 individus; il s'agit d'Eucinostomus melanopterus et Pseudotolithus brachygnatus, voire de Polydactylus cjuadrifilis pour lequel 1 seul reproducteur a ete capture).
D'autre part des especes considerees ailleurs comme marines accessoires (regulieres en lagunę sans s'y reproduire, comme Ilisha africana ou Pentanemus quinquariits, in ALBARET1994) se rencontrent frequemment a l'etat maturę en Fatala.
Enfin il ne semble pas que 1'estuaire soit une zonę de reproduction intense pour des especes considerees comme typiquement estuariennes (FAGER & LONGHURST1968; voir le cas de P. elongatas -reproducteurs et larves- evoqueplus haut).
Ce faisceau d'observations biologiques, etaye par Thydrologie cotiere (cf. § 1-1-1) nous amene a conclure en l'existence d'un continuum estuarien en mer, c'est a dire hors des limites rivulaires. L'estuaire serait donc a envisager au sens large comme la zonę s'etendant de la limite superieure du front de salinite a un secteur marin s'etendant a plusieurs miles au large et dont la limite, a u sens ecologique, reste a preciser (front de turbidite, front de salinite constante, bathymetrie ?)
V: Etude biologique.
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