LA SOLUTION 189
Les eveques, quand il s’agit de leurs biens propres, ne sont pas tenus de restituer, s’ils negligent de faire 1’aumóne; mais ils peuvent pecher de deux manieres in earum dispensatione: Del propłer inordinationem ąffectus, per quam conłingit quod Del sibi plura conjerant quam oporteal; Del etiam aliis non suboeniant se-cundum quod requirit debitum caritatis. Ce debitum caritałis, repris au cours de rexposition et repete une derniere fois a lad 1«»“, a propos des objections classiques de saint Ambroise sur la propriete privee (tenetur aliquis, debito caritatis, prooidere neces-sitatem patientibus), est une expression des plus heureuses, qui synthetise, corame en une formule dadieu, la positiondu Docteur Angelique: le debitum, en effet, rappelle 1’element-justice qu’il ne nie pas, et le mot caritatis qui s’y ajoute, relegue toutefois cet element au second plan, le subordonne au premier, celui de la charite, puisqu’elle est la mere et la formę de toutes les vertus
(2» 2“e, 23, 8).
N’est-ce pas en definitive la caracteristique de la Loi Nouvelle, perfectionnement et sublimation de 1’Ancienne ? Chez celle-ci les preceptes les plus rigoureux se presentent comme une pedagogie de la bonte; ceux meme qui visent une stricte obligation de justice commutative sont adoucis par une preoccupation visible de cha-rit6, qui en tempere l’aust6rite dans l’execution: ainsi celui qui va chez son voisin pour reclamer une chose pretee, ne doit pas entrer dans la maison de celui-ci, mais rester sur le seuil et attendre la que le debiteur vienne payer son du (Deut. 24, 10). N’est-ce pas embaumer les exigences de la justice, n’est-ce pas marquer le primat des relations d'amitie, de charite fraternelle?
Saint Thomas avait medite au pied de son crucifix ces pages d’une savante et divine legislation; il a voulu retracer dans la Loi Nouvelle ces intentions divines, qu’il avait magistralement