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le projet russe sur le terrain de la conciliation, enlre les deux principes opposes et inconciliables de la guerre de conąuete par l*envahisseur et de la guerre dćfensive par l'envahi, c’etait tenter Timpossible et sejeter dans le chaos.
Mais k quoi tient cette impossibilite? A 1’absence, en grandę partie molivće par 1’opposiiion de 1’Angleterre, de principes generaux necessaires pour eclairer la dis-cussion et permcttre de s’entendre prealablement sur le licite et rillicite, et de savoir si le droit de la guerre doit etre celui de la conąuete ou celui de la legilime defense. I/entente est impossible ąuand on veutqu’il soit lun et 1’autre; mais elle devient facile quand on a decide qu’il est l’un ou 1’aulre.
Cette impossibilite tient encore k ce qu‘on ne definit point d’apres le licite et rillicite, les mots dont on sc serl, tcls quc bui de la guerre, intasion, occupation, belligerants. Comment en effet pouvoir s’entendre dans une discussion ou l’on ne veut etablir aucun principe, ni dćfinir aucun des mots dont on fait.usage?
Puisąue TAnglelerre a pris en main dans un noble langage la cause des droils et des intćrets de la defense patriotiąue et nationale, il n’y a qu’un terrain sur leąuel elle puisse la faire prevaloir, c’est celui des principes, et de deux principes surtout, celui de legilime defense, que je viens de nommer, et celui de 1’arbi-trage, dont je parlerai dans une autre partie de cette communicalion, en montrant combien il est ulile i la cause des Śtats secondaires, qui ne peuvent que par le recours a 1’arbitrage, compenser l’inćgalite des forces par l’egalite du droit. Or, c’est TAnglelerre qui, par le vote de la Chambre des Communes, a contractć 1’engagemenl morał de travailler a faire Iriompher ce principe de 1’arbitrage dans le monde civilise.
Le noble langage que 1’Angleterre vientde lenir, dans la dćpeche du 20 janvier, en faveur des fitals secon-daircs, comment pourrait-elle se refuser a le faire en-tendce h la Conference de Saint-Pćtersbourg, dont la courtoisie du gouvernement russe lui laisse la porte toujours ouverte? Comment priver les fitats secon-daires de son puissant patronage & cette Conference de Saint-Pćtersbourg, ou ils en ont le plus de besoin et ou il doit avoir lc plus d’efficacitć ? Comment, a 1’egard d’un arrangerfient qu’elle condamne et qu’il s’agit de combattre et de modifier, commettre l'inconsćquence de concourir a son maintien par la complicitć de Pabs-tention et du silence ?
Je sais qu’i la Conference de Saint-Pćtersbourg la cause des Ćtats secondaires doit etrc ćtroitcrnent liće a celle des principes et de la liberie de discussion, et que le gouvernement anglais peut ćprouver quelque hesi-tation a se dćclarcr partisan a la Conference de Saint-Pćtersbourg, de ces deux causes dont il s’est monlre Padversaire h la Confćrencc de Bruxellcs. Mais en face des deux inconsequences enlre lesquelles il est con-damnć a opter, il n'y a plus i hesitcr; car les consi-derations qui lui interdisent de delaisser Tinteret des Etats secondaires lui commandent en meme temps de ne pas persćverer davantage a combattre la cause des principes et celle de la liberie de discussion.