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Le but de la guerre est illicite quand elle est faite pour arriver par l’invasion d’un Etat la conąuete de tout ou partie de son territoire.
La guerre legitime est celle que soutient un peuple pour dśfendre son independance nationale et 1'intć-gritó de son territoire.
Le peuple envahi a le droit, pour repousser I’enva-hisseur, d’user de toutes les ressources de son territoire et de toutes les forces collectives et individuelles de ses habitants, dont chacun doit etre considćre et traite comme legitime belligćrant.
Ceprinciqe de la guerre ddfensive, qui ćtend le droit et le devoir menie de belligerant k Tuniyersalitć des habitants du pays envahi, n’a-t-il pas śtó reconnu et pratique par la Russie en 1812, et menie promulguó en 1813 par la Prusse dans une ordonnance royale qui allait jusqu’a declarer par son article 7 « qu’on doit combattre Lennem i par tous les moyens possibles, que la necessitó les justifie et que les moyens les plus de-cisifs sont les meilleurs? »
Je ne roudrais pas aller aussi loin que Kordonnance prussienne de 1813; caril serait dangereux d’accorder nieme k la guerre dśfensive le choix illimitó des moyens, et de reconnaitre ainsi k la nócessite qu’on invoque Pemploi de ceux que Thumanitó etla civilisationreprou-vent. C'estpar ce motif qu’il conviendrait de placer k la suitę des dćclarations prócćdentes les moyens illicites que la guerre meme dófensive doit s’interdire.
L’attention publique dans les Deux-Mondes se porte sur les importantes delibórations qui vont s’ouvrir en Belgique, heureux pays qui vit sous le pacifique de-veIoppement des insłitutions d’un peuple librę, et qui, s’il n’est pas grand par son territoire, Test devenu par la place qu’il occupe dans 1’estime du raonde chilisś; heureux pays encore qui, prśfćrant 1'esprit reforma-teur k 1’esprit revolutionnaire, a merite d’etre le lieu de predilection ou les congr&s de la science et de la diplomatie aiment a se reunir; heureux pays enfin si bien dćsigne au choix de cette confórence sur les lois de la guerre, puisque, par 1’effet de sa neutralitś et par le dśveloppement de la raison publique, il n’est appelć & invoquer et pratiquer d’autre droit que celui de la guerre dćfensive, et k n’ambitionner d’autres con-quetes que celles qui viennent accroitre les progres de 1’esprit huraain!
Je ne puis donc que vivement applaudir k la convo-cation de laconference diplomatique qui doit avoir lieu le 27 i Bruxelles, parce que ce Congr&s n’a pas pour objet de se livrer a de stśriles et imprudentes rścri-minations contrę le passe; mais d’arriver a des dścla-rations murement dślibórees et necessaires pour ras-surer dans le prósent et sauvegarder dans son avenir la civilisation europóenne.
Telles sont les observations qui ra’ont ćtó inspirees par le besoin de preciser les services qu’on doit atten-dre de cette confórence au profit du droit des gens et de rintćret de la guerre dófensive, la seule dont un codę international ait k garantir les droits, puisque c’est la seule dont il puisse admettre la Ićgitimitd.
Quant aux guerres illicites il n’y a pas a consacrer un droit qui n’existe pas ; mais seulement a renfermer l’abus de la force dans la limite la plus restreinte, jus-