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LA SOLUTION
totalement les objets sur Iesquels il s’exerce normalement, et que s’il confere l’inviolabiłit6 quant au pouvoir de sollicitude pater-nelle et prudente sur ces biens, il laisse place pour ł’activite d’autres vertus S dont 1’objetlTest pas directement une mesure exterieure, mais une rectitude interieure, un etat d’ame a creer et non pas un etat de choses a respecter. N’est-ce pas, du reste, ce qu’avait nettement expose Aristote a propos de cet mm commutiis, ou se greffait un devoir ne s’adressant pas directement a Tobjet pos-sede, mais a la volonte du possesseur ?
I. ALBERT LE GRAND, sans faire appel au droit des gens et aux eon-ceptions romaines, en etait arrive exactement a la meme conclusion. Pour lui, en effet, de meme que dans 1’ordre speculatif nos connaissances ne de-rivent pas d’un principe imique, ainsi dans 1’ordre pratique: ((les principes du droit naturel se diversifient d’apres la naturę des actes qu’il doit regler, 1’etat de ceux qui doivent les realiser et les circonstances de temps et de lieu oii ceux-ci peuvent se trouver)). II en est ainsi pour la propriete; commune ou privee, elles relevent toutes deux du droit naturel (specifiquement hu-main, car Albert Ie Grand rejette toute autre acception): « Vtrumque est de iure naturali... quia iam diximus quod principia iuris non sunt eadem. Vnde secundum statum in quo non est rapina nec usurpatio eius quod communi usu concessum est, dictaoerunt conscientia et ratio nihil esse proprium, sed in commune unicuique dimittendum, sicut et in commune creatum est. Sed uariato statu et crescente malitia et rapina et rancore, utitur natura alio principio eius; uindicanda esse propria ad prouisionem suorum et pauperum; et ideo tunc non erit contra ius naturę habere proprium, tamen tempore necessitatis com-municandum...)) (Summa de Bono, texte de Bruxelles B. R. 603 (1655), reproduit dans Dom Lottin, ouv. cit., p. 116; voir aussi pp. 41-50).
Avant lui le decretiste HUGACCIO PERRARE (1188), apres avoir ex-
pose deux explications du iure naturali omnia sunt communia, indique sa preference pour une troisieme: (( Vel potius cum dicitur iure naturali omnia sunt communia, non excluditur proprium, nec dicitur commune contra proprium, sed his est sensus: iure naturali, id est, iudicio rationis approbante, omnia sunt communia, id est tempore necessitatis indigentibus communi-canda. Naturali enim duciu rationis approbamus nobis tantum necessaria retinere, reliąua proximis indigeniibus debere distribuere)) (Summa, texte de
Vat. lat. 2280, f. lr).