LE PRINCIPE DE LA SOLUTION 119
parfait, cette possession totale Dieu l’exerce pour conduire les etres cre6s a leur fin; et dans sa grandę liberalite il veut bien associer 1’etre raisonnable au gouvernement de sa providence. Des lors. si on considere la fin que Dieu se propose en I’exercice de cette maitrise supreme, on peut concevoir une participation a ce dominium:
Deus plenarium et principale dominium habet respectu totius et cuiuslibet creaturae, quae totaliter eius subiicitur potestati: homo autem participat quandam similitudinem divini dominii, secundum quod habet particularem potestatem super aliquem hominem vel super aliquam creaturam (q. 103, 3).
De fait quand Iahweh a cree Thomme a son image et a sa ressem-blance, il lui a concede explicitement la possession de la terre (Gen. I, 26; q. 66, 1), mais il lui a surtout confere la possession de lui-meme par ses facultes spirituelles, sceau distinctif de cette crćature, le dominium de ses actes (1» 2«, q. 17, 5, ad 2; q. 1, 1), qui par la meme seront dits specifiquement humains (1* 2“, 6, 3; q. 1,2). Pour saint Thomas c’est vraiment ici que se trouve le veritable domaine participe, prototype de tous les autres dominium qu’on peut decouvrir en 1’homme a l egard de I’exterieur (biens ou personnes), et qui en seront des participations plus ou moins parfaites 1: secundum modum quo dominatur his quae in seipso sunt, secundum hunc modum competit dominari aliis (1», 96, 2). Et c’est en meme temps ce qui explique et justifie toutes ces dominations secondaires et ana!ogiques: Thomme doit assurer la conservation et le developpement de son etre corporel et
II notę lui-meme que les biens qu’on possede sont appeles des facultates precisement a cause de cette analogie serree (II Sent., d. 24, q. 1, a I, ad 2). Sur ce concept analogique du dominium darns saint Thomas, voir 1’etude du P. Spicq, O. P. (( La notion analogique de dominium et de droit de pro-
priete)), dans Rei), sc. ph. Łh., t. XX (1931), p. 52-63.