Les interactions entre ces trois seuls facteurs creent un large eventail de relations ichtyofaune-mangrove possibles.
Parmi ces habitats altematifs, les zones de deferlement littorales semblent constituer des nourriceries importantes complementaires a celles des estuaires (ROSS et al. 1987; WHITFIELD 1989), certaines ecophases specifiąues pouvant y etre infeodees (BENNETT 1989). Les criques littorales constituent un autre type de nourriceries alternatives (BECKLEY1985).
Si, sur la base de ces observations, on revient au milieu guineen, la forte productivite halieutiąue de la zonę cotiere evoquee § II-3-3 peut s'expliquer par 1'importance des apports fluviaux et de ruissellement pluvial a la mer (MAHE 1993), apres qu'ils aient ete enrichis par la production phytobenthique et de regeneration liee ' ala mangrove. Le-flux hydrique de saison des pluies, associe au fort mamage resultant de la morphologie du plateau Continental (§ 1-1) permettent par effet de chasse une exportation effective de la production mangrovienne vers le littoral, en depit de sa tendance a etre retenue au niveau du volume oscillant et des communautes heterotrophes intertidales qui la mineralisent (GUIRAL 1994). En outre le fait que les estuaires guineens soient largement ouverts, qu'ils servent de lieu de grossissement a de nombreuses especes et que les echanges entre ichtyofaunes intra-estuarienne et cotiere soient continus (partie IV) contribue a l'exportation de matiere organique elaboree et d'energie de 1'estuaire vers la zonę littorale. Enfin 1'etendue des vasieres de front de mer decouvertes a maree basse du fait du marnage et de la faible pente du plateau Continental (BERTRAND 1993) favorise la production phytobenthique et donc 1'enrichissement de la zonę cotiere.
Ces observations rejoignent indirectement les conclusions de LONGHURST & PAULY (1987) ; ces auteurs, apres avoir conteste la validite de nombreuses etudes intra-estuariennes qui concluent a la dependance des especes cótieres tropicales envers les estuaires, affirment que cette dependance n'est, sauf exception, pas prouvee et expliquent ce fait par "Testuarisation du plateau Continental sous les tropiques en
generał" (LONGHURST & PAULY op. cit. p. 183).
On voit donc que la productivite halieutique de la zonę cotiere guineenne semble, par des processus complexes qu'il sera difficile de mettre en evidence, liee a la fois au developpement de la mangrove littorale, aux arrivees d'eau douce a la mer et au phenomene de crue saisonniere. Les amenagements qui auraient pour consequences de modifier ces trois facteurs devront etre envisages en connaissance de cause.
V: Ełude biologtquc,
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