marchand d'art, s'insurge que l'on puisse visiter le Louvre par internet,selon un schema de visite formate par d'autres, qui aneantit toute possibilite de decouverte par soi-meme1. Cela est d'autant plus vrai pour la DDC que plus qu'un musee, elle est une oeuvre d'art en elle-meme, voire une performance longue duree, dont les mutations permanentes et le discours qui 1'entoure sont les composantes qui la font se derouler dans le temps.
Cest donc parce que le monde de la Ddc est trop riche pour qu'on n'y soit pas perdu dans le cadre d'une etude, que j'ai reduit mon objet d'etude au texte meme des propheties, c'est a dire a une masse compacte textuelle. Cest en ce sens que mon travail suit les traces classiques du commentaire de texte litteraire. Cependant, on cherchera vainement dans ce memoire une analyse prophetique du contenu des propheties: c'est simplement au texte prophetique en tant que materiau-miroir du monde que je m’attache. Tout mon travail consistera a decouvrir la naturę de ce materiau textuel,a lui donner sens. Le sens est en effet une notion capitale dans le discours prophetique comme dans l'oeuvre d'art: le sens, c’est la direction, 1'impulsion; elle est tout autant creatrice que revelatrice. Le sens, c'est aussi la ou Ton va, le regard vers l'aval de la riviere, le sens de 1'Histoire comme etant le sens d'une riviere, comme le disait Hegel.
Cest cette quete du sens qui me pousse a dematerialiser les propheties, a les deconnecter du reel, qu'elles soient celles de Thierry Ehrmann ou celles de Nostradamus. Ma quete de sens, pour les unes comme pour les autres, ne portera pas sur un contenu. Je ne cherche pas a connaitre l'avenir, mais bien plutót a savoir ce qui nous attire et nous manque dans l’avenir. Je ne compte pas chercher un sens qui se trouve dans un fond. Le sens, c'est pour moi le deus ex machina: la ficelle, qui fait comprendre au spectateur qu'il est au theatre, et qui comprend par la meme une autre realite qui depasse la simple representation de la realite du quotidien. Chercher le sens, c'est chercher le fonctionnement et la demarche, pas la finalite. Cest grace a cette posturę que j'ai pu me permettre de realiser ce travail sans savoir a quoi sont destinees les propheties, dans quelle performance elles s'inserent, et quelle est leur finalite artistique ou politique. Je considere ces propheties comme u tout deconnecte.
aaaaaaaaa
Par cette recherche de la formę pour toucher au 3ens, je choisis une construction en decoupage. J'essaierai de decouper la realite prophetique en generał et celle de Thierry Ehrmann en particulier comme un diorama, sous la formę de successions de notions censees mettre en perspective le discours prophetique de Thierry Ehrmann. Cest cette perspective qui donnę acces au sens. Jacques Prevert, dans le poeme Grasse matinee, resume cette perspective:
« II n'y a qu’une faęon de comprendre et qu'une faęon d’aimer la peinture, c'est de la voir », cite par Annie Lebrun, Du trop de realite, Folio Essais, 2004, p. 274