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JACQUES YAND1ER
rcmonte au debut du siecle et qui voulait que le Louvre fut avant tout un musee pour les amateurs d'objets d’art, il renoue avec la grandę tradition de dc Rouge et de Deveria et, en philologue et historien qu*il cst, fait entrer dans le Departement des documents qui ne seduisent pas les esthetes, sans doule, mais qui sont importants pour la connaissance de la civilisation egyptienne. Outre le Papyrus Jumilhac dont il a deja ete question, on peut citer, parmi les acquisitions d'interćt avant tout scientifique qu’effectue Jacques Vandier, le serdab d’Ameniseneb du Moyen Empire portant des tcxtes religieux nouveaux, la stele de Hekenou appartenant a la Premiere Periode Intermediaire, le bas-relief commemorant Padoption de Nitocris, la statuę de Hekatefnakht, le monument de Hathor sous quatre de ses aspects, la stele dediec par Ramses 11 a Astarte. C'est sous la direction de Jacques Vandier que le Louvre s'enrichira de la Colleetion Curtis, des collcctions egyptiennes du Gabinet des Medailles, du Musee Guimet et du Musee Rodin.
Jacques Vandier ne neglige pas pour autant les pieces belles ou curieuses, faites pour seduire les hommes de gout. 11 sufTira de rappeler ici la grandę statuę de Ncphthys datec d’Amenophis III, le fragment de statuette de schiste ćmaille de la reine Tiy dont le Louvre possedait deja la partie inferieure, le groupe d’Ankhoudjes et sa table d’offrandes datant de PAncien Empire ou le bustc d Ankhefcnsekhmet appartenant a la fin de Pepoque saite. Les fragmcnts de la peinture sur argile, provenant du mastaba de Methćthi presentent a la fois une valeur archeologique et artistique, menie si les couleurs ont perdu a present de leur eclat. Ce double interet, on le retrouve dans des pieces comme le groupe de Hemen et Taharqa, la statuę dc Poie d'Amon, le coffrct d’albatrc contenant les cylindres-sceaux du roi Mentouhotep, la stele faussc-portc en bois dc Neferkhouou (Vc dynastie) ou la stele de la IIIC dynastie represcntant le roi Nebka ou le roi Houni. Enfin, parmi ses dernieres aequisitions, la statuę en bois de Hapidjefa, prince dc Siout, merite d’etre mentionnee. II est impossible de passer ici en revuc toutes les acquisitions faites par le Musee du Louvrc a Pinitiative de Jacques Vandier. On en lira le catalogue plus bas, dans la Bibliograpliie, car chaque objet achete, quel qu'il soit. a aussitót ete publie avec une regularite exemplaire dans le Bulletin des Musees de France puis dans la Revue du Louvre ou le Chef du Departement a consacre des articles etendus a certaines pieces marquantes.
Le travail continu sur la colleetion qui lui ćtait confiee, la frequentation des musees etrangers dont les conservateurs etaient tous ses amis, lexamcn approfondi des objets qu*on lui apportait sans cesse, ont conduit Jacques Vandier a acquerir une connaissance hors pair des antiquites egyptiennes de toutes les categories et de toutes les epoques. II avait un jugement sur mais ne se fiait jamais a son flair, a la premiere impression; pour chaque piece montree par un antiquaire, il entreprenait de longues recherches. faisait le tour complet de la documentation, consultait d'autres speeialistes avcc Lhumilite qui le caracterisait. Le choix n’en ćtait que meillcur.